« J’ai découvert l’art brut au début des années 1980 en visitant la donation de Jean Dubuffet à Lausanne. Je me souviens avoir immédiatement ressenti un immense intérêt face à ces artistes pour la plupart inconscients de bâtir une œuvre et dans l’ignorance de l’histoire de l’art. Cette rencontre déterminante m’a permis de rentrer en art par une petite porte qui ne nécessitait pas de codes de lectures ou de connaissances particulières. Ces œuvres m’ont accueilli tel que j’étais, un simple amateur de formes et de couleurs fasciné par la création.
A la même époque les arts dits premiers, vierges eux aussi de toute culture classique occidentale, m’ont fortement attiré, au point d’en devenir collectionneur. J’opposais ces expressions populaires à l’art contemporain qui me semblait élitiste et incompréhensible. Je m’y suis finalement initié avec beaucoup d’intérêt. A partir de 2004, la maison rouge devint un terrain idéal pour mettre en pratique mon besoin de décloisonnement. Ses expositions thématiques (Inextricabilia, L’envol ou le rêve de voler…) ou transversales (Les inspirés, Elmar Trenkwalder et Augustin Lesage, Arnulf Rainer et sa collection d’art brut…) étaient devenues caractéristiques du lieu. Sur nos murs pouvaient être accrochés côte à côte le néon d’un jeune artiste et une peinture d’August Walla.
Philippe Dereux, dont j’ai exposé les assemblages végétaux à maintes reprises, donnait une excellente définition de l’art brut : « Du jour où j’en ai eu connaissance, je ne pouvais plus en faire partie. »
Antoine de Galbert, juillet 2025
