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Grande tapisserie en laine à décor de la
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Grande tapisserie en laine à décor de la

Caravane des dromadaires, de la série de
l’Histoire du Portugal et de l’Inde.
Bruxelles, vers 1520-1522
L 546 × H 361 cm
(Usures et restaurations)
Ouvrages consultés :
- G. Delmarcel, "La tapisserie flamande", Paris,
1999, p. 164-165
- Koninklijke Vlaamse Academie voor
Wetenschappen, letteren en Schone Kunsten van
België
- S. Schneelbalg-Perelman, "Un grand tapissier
bruxellois Pierre d’Enghien, dit Pierre van Aelst.
L’Age d’Or de la tapisserie flamande", Colloque
international, Gand, 23-25 mai 1961, Bruxelles,
Brussel Paleis der Academiën, 1969, p. 279-323
- "Tapisseries bruxelloises de la pré-Renaissance",
22 janvier-7 mars 1976, catalogue de l’exposition,
Musées royaux d'art et d'histoire
Cette tapisserie a été publiée par Asselberghs dans le catalogue de l’exposition "La tapisserie tournaisienne au XVIe siècle", 1968, mais avec une photo inversée gauche/droite
Cette tapisserie fait partie d’une tenture dont l’histoire commence à Tournai. Celle-ci
retrace, dans des scènes hautes en couleurs, les expéditions portugaises de Vasco de
Gama (1469-1524) en Inde.
Le navigateur débarque sur les côtes indiennes le 21 mai 1498. Il rentre au Portugal en
1499 et devient amiral des Indes. Il effectue un second voyage en 1502-1503. A son
retour un livre est publié à Anvers en 1504, racontant l’équipée avec des illustrations.
Au moins trois exemplaires de cette suite, bien documentés aujourd’hui, ont été tissés à
Tournai par les ateliers Grenier et Poissonier. Leurs bordures très simples, composées
uniquement d’une frise de fleurs, sont bien de style tournaisien.
En 1504, l’un des deux ateliers fournit à Philippe le Beau (1478-1506), avant son départ
pour l’Espagne, une première tenture A la manière du Portugal et de l’Indye. Cette série
fait partie de la dote d’Éléonore d’Autriche pour son mariage avec Manuel Ier du
Portugal en 1518. Une de ces tapisseries est aujourd’hui conservée au Stockholm
Nationalmuseum.
En 1510, une deuxième tenture est commandée à Jean Grenier par Manuel Ier, roi
du Portugal et commanditaire de l’expédition de Vasco de Gama. Quatre tapisseries sont
aujourd’hui conservées au Museu de Caramulo, Fundação Abel e João de Lacerda
(Portugal), une à la fondation Ricardo do Espirito santo Silva, de Lisbonne, et la plus
grande (4m x 7,6m), représentant L’Embarquement des animaux exotiques, appartient
aux collections de la Banco Nacional Ultramarino à Lisbonne.
C’est également en 1510 que Maximilien Ier, père de Philippe le Beau, commande la
même suite à Arnould Poissonier, dénommée alors Histoire de gens d’animaux sauvages.
Quelques années plus tard, on retrouve la tenture dans les collections de plusieurs
maisons royales européennes ainsi que chez de grands seigneurs. En 1541 ou 1542, un
inventaire de François Ier, roi de France marié à Éléonore d’Autriche, elle-même veuve
de Manuel Ier du Portugal et sœur de Charles Quint, mentionne une Histoire de la
caravane ; un inventaire suivant nous apprend que cette série est composée de cinq
pièces.
Près de Rouen, au château de Gaillon, construit et meublé par le célèbre cardinal
Georges d'Amboise, se trouve en 1550 une série portant la mention histoire de la
caravane. La littérature indique que celle-ci provient probablement de l’atelier d’Antoine
Grenier, frère de Jean Grenier, celui-là même qui a réalisé la première tenture de 1504.
Quatre tapisseries sont également conservées au musée du Louvre. Spoliées pendant
la Seconde Guerre mondiale, elles appartiennent au fonds Musées Nationaux
Récupération. Sans que le commanditaire en soit à ce jour connu, elles sont attribuées
aux ateliers de Tournai autour des années 1510.
Enfin, en 1522, Pierre d’Enghien, dit Pierre van Aelst, gardien de la riche collection
impériale, livre à l’Empereur Charles Quint une Histoire indienne d’éléphants et de
girafes, également appelée A la manière du Portugal et de l’Inde, composée de six
panneaux. En ces années, recevant de très nombreuses commandes, Pierre d’Enghien
fait appel à d’autres ateliers, notamment la branche bruxelloise de l’atelier van der
Tommen, ainsi que l’atelier de Jan de Clerck.
La technique de tissage et la finesse du style de notre
tapisserie l’éloignent de la production tournaisienne mais signent
une production bruxelloise. Composées de frises de fleurs
inspirées des Mille-fleurs et de grappes de raisin, ses bordures
sont du type de Bruxelles. Entre autres exemples, elles sont
comparables à celles de la tenture du Triomphe de la
Renommée conservée au Metropolitan Museum of Art de New-
York (inv n°1998.205), que l’on sait être bruxelloise. Enfin, les
inscriptions apparaissant sur certains éléments décoratifs, au
bas des manteaux et sur les selles des dromadaires,
utilisent les lettrines et l’alphabet inversé à la manière de
Bruxelles dans les années 1520-1540.
Selon les archives actuellement disponibles, on ne connaît pas,
pour cette tenture, d’autres commandes passées à Bruxelles
que celle de Charles Quint.
Par sa technique, par son style et selon les sources, il est alors
possible d’envisager que notre tapisserie appartiendrait à la
commande passée par Charles Quint en 1522.

Estimation
80 000 / 120 000 €
Résultat (Frais de vente inclus)
650 000 €