Actualités

Vlassis Caniaris, précurseur de l’Arte Povera

1 mai 2020

Murs en plâtre et grillage, valises, vieux vêtements, vélos et jouets d’enfants, conserves alimentaires, tels sont les objets à partir desquels Vlassis Caniaris  a élaboré son langage artistique.

Né à Athènes en 1928, il étudie à l’Ecole de la Médecine puis ensuite poursuit des études à l’Ecole des Beaux Arts d’Athènes.  Caniaris s’installe à Rome en 1956, puis à Paris en 1960. Le critique d’art Pierre Restany fut « frappé à l’époque par ses tableaux, de vastes collages de papier recouverts d’une légère couche de plâtre blanc, déchirés en surface par de multiples griffures, éclaboussés par-ci par-là de couleur triste. On y décelait la synthèse de multiples réminiscences, du tachisme des vieux murs, des graffitis, des gestes de lacérations ; de l’anti-Burri-blanc, du Twombly griffonné sur du Tapies. » (1)

Vlassis Caniaris (1928-2011) Image, 1972Vlassis Caniaris (1928-2011)
Image, 1972

Résultat: 39000 €

Caniaris cherche à réduire les strictes limites de la toile en transformant ses peintures en objets sculpturaux dialoguant avec l’espace. Dès le début des années 1960, la scène politique et culturelle grecque devient sa thématique principale. 

Il retourne en Grèce en 1967, pendant la dictature des Colonels, et repart deux ans plus tard pour Berlin.  Il y développe une série d’œuvres autour du thème des migrations. Il poursuit sa démarche qui consiste à rendre les objets et les personnages, non plus comme des représentations, mais désormais comme des objets réels dans l’espace, constituant des sortes d’environnements. 

A travers ce langage proche de « l’Arte Povera », il exprime son intérêt pour le monde ouvrier. Ces mêmes ouvriers qui viennent à cette époque envahir l’Allemagne, en provenance des Balkans, des Pays de l’Europe de l’Est. Les personnages sont toujours sans visage. Ils font partie d’une masse de gens sans importance, anonymes.

Vlassis Caniaris (1928-2011 Mur, 1959Vlassis Caniaris (1928-2011
Mur, 1959

Résultat: 26000 €

Après 1973, la France, l’Allemagne et la Suisse ferment leurs frontières afin d’assurer à leurs résidents l’emploi. Les œuvres de Caniaris reflètent donc sa préoccupation pour la problématique de l’immigration dans l’Europe des années 1960 et 1970. 

En 1970, Jean Dypréau écrivait sur Caniaris « Si pour certains peintres ou sculpteurs le mot ‘art’ conserve un sens, c’est celui d’un constat et d’une protestation. Vous aurez compris d’où est parti l’essor de « l’Arte Povera », baptisé ainsi par le critique italien Germano Celant. De cet art, Caniaris est indiscutablement un précurseur. Il est encore celui qui a su imprimer à sa démarche un style personnel, tout comme Beuys en Allemagne ou Kienholz en Amérique : chacun de ses objets porte son empreinte ». 

(1) Pierre Restany, « Notes analogiques pour un portrait de Caniaris, artiste grec contemporain », 1963

À découvrir