Actualités

Roy Lichtenstein, une mythologie américaine

25 août 2019

Au cœur d’une scène new-yorkaise détrônant peu à peu celle de Paris, Roy Lichtenstein (1923-1997) s’est imposé comme un artiste de tout premier plan. A l’issu d’une formation à l’Art Students League et après un bref séjour en France, il enseigne à l'Université de l'État de New York puis à l'Université Rutgers où il fait la connaissance du peintre Allan Kaprow (1927-2006) et du sculpteur Claes Oldenburg (né en 1929) qui contribuent à le sensibiliser à la culture et l’imagerie populaire. 

A partir de 1961, profondément nourris par la bande dessinée et les techniques employées par la publicité, il réalise ses premières œuvres pop. Son travail attire alors l’attention du marchand Léo Castelli (1907-1999) qui organise une première exposition dans sa galerie new-yorkaise. 

C’est à cette période, d’une rare intensité pour l’artiste, que Roy Lichtenstein a réalisé Crying girl, une lithographie en couleurs sur papier vélin estimée entre 25 000 et 35 000 euros. 

Roy Lichtenstein (1923-1997)  Crying girl - 1963  Lithographie offset en couleurs sur papier vélin, signée  Edition Leo Castelli New York  45,7 x 60,7 cm - Toutes marges  Encadrée  Bibliographie : Corlett II.1 : D'une édition non numérotée  Provenance : Collection particulière européenne 

Roy Lichtenstein (1923-1997)
Crying girl - 1963
Lithographie offset en couleurs sur papier vélin, signée
Edition Leo Castelli New York
45,7 x 60,7 cm - Toutes marges  Encadrée
Bibliographie : Corlett II.1 : D'une édition non numérotée  Provenance : Collection particulière européenne
Estimation : 20 000€ - 35 000€


Cette œuvre, telle un fragment de la mythologie que la société américaine est alors en train de construire, est emblématique de l’esthétique de l’artiste. Investissant les codes graphiques des comics, aux antipodes de la logique d’un expressionnisme abstrait alors triomphant, il fait disparaître de la surface le moindre geste, signe du travail du peintre. Ainsi, les aplats immaculés du jaune des cheveux ou du blanc des yeux correspondent habillement avec les points d’impression rendant à la peau de la jeune femme sa teinte rosée.

A l’image se joue l’étonnant contraste entre la sensualité du rouge de ses lèvres pulpeuse et l’effroi d’un regard trempé de larmes fixant un danger que l’ambitieux cadrage repousse hors champ et que le spectateur, impuissant, ne peut qu’imaginer. Ici, l’héritage du cinéma hollywoodien est également convoqué et avec lui le statut d’icône des actrices les plus médiatisées.  

Produites à partir du début des années 1960, ces images-symboles exemplifient les écrits prophétiques de Walter Benjamin sur la reproduction technique des œuvres d’art publiés, à titre posthume, en 1955. 

Depuis, l’œuvre de Roy Lichtenstein suscite un intérêt croissant. Auprès du grand public comme en témoigne le succès de la rétrospective que le Musée national d’art moderne lui a consacré en 2013 mais également auprès du marché de l’art. Ainsi, en 2017, le collectionneur Steven A. Cohen a déboursé près de 165 millions de dollars pour acquérir Masterpiece, établissant ainsi un record pour l’artiste décédé vingt ans plus tôt.

Vente associée

5 au 118 Art + Design5

Paris mercredi 18 sept. 18:00 Voir les lots

À découvrir