A l’occasion de sa prochaine vente dédiée à l’art moderne et contemporain le 6 décembre prochain, PIASA proposera aux enchères une sélection d’œuvres de grandes signatures du XX et XXIe provenant d’importantes collections privées européenne.
lot 17 - Roberto Matta (1911-2002) Rooming life, 1977
Huile sur toile
Provenance :- Alexander Iolas Gallery, New York- Galerie Thomas R. Monahan, Chicago- Collection particulière, Paris
Expositions :- Boston, Mc. Mullen Museum of Art-BostonCollege, "Matta, Making the Invisible Visible",février-mai 2004, reproduit en couleur sous len°48, p. 134- El Paso, UTEP, "Matta from the Thomas MonahanCollection", 7 avril-10 juin 2006- San Diego, San Diego Museum of Art,"Transmission-The Art of Matta and GordonMatta Clark", 19 août-12 novembre 2006, reproduiten couleur p. 77
Cette œuvre est enregistrée dans les Archives del'œuvre de Matta sous le n°77/3Un certificat de Madame Germana Matta Ferrarisera remis à l'acquéreurUn certificat de la Galerie Thomas R. Monahansera remis à l'acquéreur
Après avoir suivi des études d’architecture au Chili, Roberto Matta arrive à Paris à l’âge de 22 ans et rencontre très vite les grandes figures de l’avant-garde. Il dessine dans l’atelier de Le Corbusier, puis se forme à Londres auprès de Walter Gropius. De retour à Paris en 1937, Matta participe au vaste chantier du Pavillon de la République espagnole, aux côtés de Picasso et de Miró. L’année suivante, il rejoint le mouvement surréaliste, après avoir fait la connaissance d’André Breton par l’intermédiaire deFederico García Lorca et de Salvador Dalí. Il a alors l’honneur de participer en 1938à l’Exposition Internationale du surréalisme, où il fait la connaissance décisive deMarcel Duchamp. Matta s’est montré durant toute sa carrière très impressionné par son œuvre maitresse, le Grand Verre, qui lui fait prendre conscience « qu’on peut peindre le changement ». Il crée ainsi en 1939 ses premières « Morphologues psychologiques », terme qui désigne le langage plastique inédit qu’il élabore, constitué de motifs organiques et vitaux, dont la mise en forme dans le champ pictural déstabilise nos repères visuels habituels. A New York, où Matta trouve refuge pendant la guerre, il rencontre Arshile Gorky, Robert Motherwell, et JacksonPollock, auxquels il montre la voie d’un automatisme gestuel.
De retour en Europe, Matta s’installe en Italie, tout en continuant de travailler entre Rome, Paris et Londres. Il s’éloigne un temps d’André Breton qui lui reproche notamment d’avoir réintroduit ouvertement la figure humaine dans sa peinture. Or, dans ces années de l’après-guerre, il paraît essentiel pour Matta d’affirmer la place de l’Homme dans son œuvre : « Nous ne sommes pas au balcon pour regarder le monde. Désormais, il faut se dire : « je suis dans le monde, je suis une dimension du monde… » La peinture doit donc contenir quatre éléments : une pierre, de la végétation, un homme et un objet fabriqué par l’homme ». A partir des années 1950-1960, Matta qui s’est rapproché du Parti communiste italien, consacre de vastes compositions aux questions politiques de son temps, qui l’engageront dans tous les combats révolutionnaires (il dénonce, entre autres horreurs, le Maccarthysme auxUSA, la pratique de la torture pendant la guerre d’ Algérie, les atrocités de la guerre du Vietnam…).
Lorsque sa peinture ne s’engage pas dans la réalité sociale et historique de son époque, elle se situe hors du temps et s’avère très convaincante par son fort pouvoir métaphorique. Ainsi, Rooming life (1977), dont le format imposant est digne d ela peinture d’histoire, présente une composition en mouvement, où des objets signes vaguement anthropomorphiques cohabitent avec des éléments mécaniques selon un esprit proche du Grand Verre. Ils semblent soumis à une force rotative dans un espace unifié et flottant, dont la profondeur est donnée par leur mise en perspective, par le jeu des variations de couleur, les alternances de zones d’opacité et de transparence. Des réseaux de lignes vibrantes, quelques inscriptions abstraites, renforcent le sentiment de vitesse et donnent l’impression d’un monde en perpétuel bouillonnement. Par ces espaces énigmatiques, Matta offre au spectateur d’autres formes de connaissance du monde, inaccessibles à nos capacités perceptives, et qui paraissent en incessante mutation. Ils sont, comme l’a relevé Édouard Glissant, comme « des préfigurations d’espaces sidéraux, des visions de ce monde auquel l’humanité conformera sa sensibilité quand elle en aura exploré dans l’imaginaire ou le réel, toutes les dimensions possibles » (Édouard Glissant, Le troisième œil, préface rédigée pour le catalogue de l’exposition « Matta », Centre culturel d’ Issoire, 1987).
