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Otto Dix : « Peindre pour conjurer la guerre »

30 août 2019

Comme le monde avant lui selon la théogonie du poète grec Hésiode, c’est dans le chaos le plus absolu que la carrière de l’artiste allemand Otto Dix (1891-1969) voit le jour. Celui-ci est constitué par la boue informe des tranchées, par la mitraille d’une artillerie rutilante et, pour la première fois, par des nappes sournoises de chlore et de phosgène.

C’est en tant que volontaire que le peintre fait son entrée dans un premier conflit mondial qui, à l’instar de l’invasion de l’Espagne par les troupes napoléoniennes pour Francisco Goya (1746-1826), constitua pour lui un répertoire intarissable d’images.

Après avoir repris à Düsseldorf sa formation entamée avant-guerre à l’École des arts appliqués de Dresde, il adhère à la Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité) où il rencontre des peintres tels que George Grosz (1893-1959) ou Max Beckmann (1884-1950).

Mais les souvenirs douloureux du champ de bataille continuent à peupler son imaginaire jusqu’au début des années 30 où, fortement influencé par la peinture de la Renaissance, il réalise Der Krieg (La Guerre), un triptyque aujourd’hui conservé à Dresde.

Otto Dix (1891-1969) Tümfel, 1916 Estimation : 20000 / 30000 €Otto Dix (1891-1969) Tümfel, 1916
Estimation : 20000 / 30000 €

L’œuvre proposée à la vente a été réalisée par Otto Dix en 1916 alors que l’acier pleuvait encore à verse sur l’Europe. Comme de profondes blessures, de larges coups de fusain sur le brun du papier dramatisent ce paysage déchiqueté par la violence des combats. Tout est sens dessus-dessous. Ici, des fils barbelés, là, les roues d’un canon mis hors d’état de nuire, ailleurs de sinistres troncs rappelant que la nature, comme l’humanité des hommes, s’était retirée de ce monde d’horreur.

« Peindre non pas pour l’empêcher mais pour conjurer la guerre » écrira Otto Dix en 1946, un an après la fin de la Seconde qui se préparait depuis le Traité de Versailles en 1919. Maudite, sa génération verra néanmoins germer, de Munich à Berlin, de Dresde à Hambourg, une vie artistique parmi les plus dynamiques d’Europe.

Démissionné de son poste de professeur d’art à l’université en 1933, sauvagement estampillé « dégénéré » en 1937, il continuera, malgré tout, de peindre en Allemagne où il décédera en 1969.

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