Dans le cadre de la vacation « Art + Design d’une collection particulière européenne » le mercredi 23 septembre 2020, PIASA présente un ensemble cohérent de mobilier et d’œuvres d’art d’artistes de la seconde moitié du XXe siècle parmi lesquels Niele Toroni.
L’artiste suisse Niele Toroni a quitté la région du Tessin en 1959, alors qu’il était instituteur pour vivre à Paris et « faire de la peinture ». Depuis 1967, il s’en tient « au même énoncé, à la même méthode de travail » : « quand j’interviens comme peintre, je donne à voir des empreintes de pinceau n° 50, répétées à intervalles réguliers de 30 cm. » Avec un pinceau plat large de 50 mm, Toroni pose des empreintes de peinture sur une trame - un dessin préalablement tracé – en partant généralement à 10 cm du bord supérieur de son support (toile, toile cirée, papier, mur, vitre, sol…).
Niele Toroni (né en 1937)
Sans titre, Empreintes de pinceau n°50 répétées à intervalles
réguliers de 30 cm, 1989
Estimation : 25 000 / 35 000 euros
Ainsi, la structure de base de son oeuvre se constitue d’un ensemble de croix au crayon, disposées en quinconce, dont l’emplacement est déterminé à l’aide d’un compas, tous les 30 cm, de manière à ce que chaque empreinte soit placée à une distance égale de ses voisines. La démarche de Toroni ne peut être apparentée à l’art conceptuel : elle ne se limite pas à un énoncé linguistique, elle nécessite une réalisation d’ordre matériel.
Son travail, exécuté à la main, n’est jamais identique, car chaque empreinte de pinceau n° 50 se différencie des autres en fonction de la quantité de peinture, de la vigueur du geste et du type de support (il peut être indifféremment un tableau, une toile libre, un mur…).
La méthode de Toroni met en avant la matérialité de la peinture, comme l’a souligné Christian Besson dans le catalogue raisonné de l’artiste : la touche, qui en est le point de départ et d’arrivée, s’offre « sans mouvement inscrit, sans gestualité ; non pas la touche du peintre mais celle du pinceau ; une touche qui n’exprime rien, une facture.
Niele Toroni (né en 1937)
Sans titre, Empreintes de pinceau n°50 répétées à intervalles
réguliers de 30 cm, 1989
Estimation : 25 000 / 35 000 euros
Selon Buren, le « travail/peinture » de Toroni constitue « un résumé à proprement parler génial de toute la peinture occidentale : la marque, l’empreinte, le pinceau, la surface, la couleur, le geste, le all over, l’unique et le multiple, le corps, sa présence, son absence… ».
Si la répétitivité de l’œuvre se situe au centre de son œuvre, les possibilités qui s’offrent à elle sont immenses : outre le choix des couleurs des empreintes, il y a celui des espaces d’intervention, lorsqu’il travaille in situ. Véritable œuvre ouverte, la peinture de Toroni est donc l’addition de toutes ses réalisations.