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L'art marocain : La collection d'un diplomate américain

14 avril 2023

La maison PIASA est heureuse d’aborder la scène artistique marocaine à travers la collection intimiste d’un amateur américain. Acquises entre 1971 et 1973, les œuvres que nous présentons ici témoignent de l'effervescence de la scène artistique marocaine à l’aune des années 1970’. 

A cette époque, les artistes bénéficient d’un contexte culturel en pleine mutation suite à l’indépendance du Royaume acquise en 1956 et à la formation, à partir de 1964, d’un renouveau culturel influencé par l’enseignement de l’Ecole des Beaux Arts de Casablanca alors dirigé par Farid Belkahia. Le corps enseignant y est composé d’artistes, chercheurs passionnés d’arts populaires et de traditions rurales en marge des écoles d’art européennes. La tradition artistique qui s’y développe met en avant les ascendances multiples - berbères, africaines, arabo-musulmanes, méditerranéennes - et l’enracinement dans l’oralité ; autant d’attributions qui perturbent l’ordre hiérarchique établi par le système des Beaux-arts, et rendent ainsi possible l’articulation entre culture savante et culture populaire; culture artistique et culture matérielle ; culture occidentale et non occidentale.


Chaibia Tallal (1929-2004, Maroc) Marabout n. 59, 1971 Huile sur toile Signé "CHAIBIA" en bas à droite

Chaibia Tallal (1929-2004, Maroc)
Marabout n. 59, 1971
Estimations : 12000 / 18000 €


De nombreuses expositions ont lieu à Rabat, Casablanca, Tanger et Marrakech mêlant les influences académiques et populaires et les différents centres culturels du pays participent activement à la monstration des artistes. C’est le cas du Centre Culturel Américain de Rabat, qui organise de nombreuses expositions qui permettront à notre amateur de rencontrer les artistes avec qui il nouera des amitiés durables. 

La collection témoigne des influences artistiques alors en vogue à cette époque, entre académisme et traditions séculaires. 

Deux oeuvres de petites tailles de l’artiste autodidacte Chaïbia Tallal (1929-2004), adoubée par le marché, témoignent de sa grande maîtrise de la couleur appliquée en aplats cernés de noir, recréant l’univers rural de l’artiste. Un beau tableau d’Ahmed Louardiri (1928-1974) a lui aussi gardé toute sa fraîcheur. Jardinier de métier, l’artiste s’est démarqué par ses compositions ornées de plantes et de palais à l’ambiance féerique recréant un monde mythique puisé dans les sources orales de la tradition populaire. Deux dessins de l’artiste Brahim Jebari (1945-1979) puisent encore dans la culture locale qu’il met en scène à l’aide de lignes douces aux teintes pastels. 


Ahmed Louardiri (1928-1974, Maroc) Histoire de Moulay Ismaïl Tempera sur panneau Signé "A. Louardiri", en bas à gauche

Ahmed Louardiri (1928-1974, Maroc)
Histoire de Moulay Ismaïl
Estimations : 15000 / 20000 €


Témoignant de l’importance de la ville d’Asilah, haut lieu de la culture marocaine fondée dès le IXe siècle et rendue célèbre par son festival des arts dont le premier s’est tenu pendant l’été 1978, le peintre Mohamed Hamri (1932-2000), proche de Paul Bowles et Brion Gysin lui rend un vibrant hommage dans cette huile sur toile aux accents cubisants. 

L’influence occidentale se fait également sentir dans le travail de Karim Bennani (1936-2023) qui, après les Beaux-Arts de Fès est admis, en 1954, à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Les deux toiles que nous présentons ici, toutes en courbes, dans un chromatisme intense s'ancrent dans une expression plastique dépouillée et une recherche abstraite typique de son œuvre. 

Le peintre et sculpteur Larbi Belcadi (1930-2001) façonne et modèle la matière, enrichissant sa peinture par l’adjonction de textures formant des reliefs, dont il se joue pour créer un langage pictural propre. 

A travers ces quelques œuvres, c’est toute la richesse et la diversité de la création marocaine qui est évoquée.

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Afrique +Art Moderne et Contemporain

Paris mercredi 19 avr. 18:00 Voir les lots

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