Dans le cadre de sa première vente de l’année 2020, le département Éditions de PIASA a le plaisir de présenter une sélection de pièces réalisées par les artistes les plus emblématiques du XXe siècle parmi lesquels Pablo Picasso, Marc Rothko ou encore Marcel Duchamp.
A peine obtient-il son baccalauréat que le jeune lycéen rouannais part retrouver à Paris son frère Gaston Émile Duchamp (plus connu sous le pseudonyme de Jacques Villon). Avec une assiduité sélective, Marcel Duchamp suit pendant un an des cours à l'académie Julian. Afin de réduire la durée de son service militaire, il passe son diplôme de graveur et devient ouvrier d’art.
Après quelques publications et expositions de ses dessins et de ses caricatures, le jeune homme présente ses premiers tableaux au Salon d'automne en 1908 puis au Salon des indépendants l’année suivante. Marqué par les innovations spatiales proposées par les cubistes en France et les futuristes en Italie, mais également par la chronophotographie, Marcel Duchamp réalise le Nu descendant un escalier. L’œuvre, charnière, est néanmoins moquée lors de sa présentation à l’Armory Show à New York et à l'Institut d'art de Chicago. Des recherches menées à la bibliothèque Sainte-Geneviève l’éloignent un temps de la peinture.
C’est dans ce contexte qu’il invente les « Ready-mades » avec Roue de bicyclette en 1913 puis Porte-bouteilles l’année suivante. Grâce à cette mise en scène de la banalité d’objets manufacturés, Duchamp les élève au rang d’œuvres d'art, voire même d’icônes. La rupture avec la tradition artistique est consommée. Peu après le déclenchement du premier conflit mondial, l’artiste part s’installer de l’autre côté de l’Atlantique.
Il se lie alors à Man Ray, Arthur Cravan ou Francis Picabia avec qui il fonde une revue d’art. La dimension iconoclaste de son Œuvre prépare le terrain pour les Dadaïstes avec lesquels il entretiendra des relations, sans jamais y adhérer totalement. La Mariée mise à nu par ses célibataires, même, une œuvre réalisée à New-York entre 1912 et 1923 est composée de deux panneaux de verre assemblés, peints pour partie à l'huile, et comprenant, entre autres, des inserts en plomb et de la poussière. Exposés au Musée de Brooklyn en 1926, l’œuvre est emballé dans une caisse en bois pour être livrés à la personne qui l’acheta.
Marcel Duchamp (1887-1968)
La mariée mise à nu par ses célibataires même - Boite verte
Paris, Editions Rrose Selavy, 1934
Boite-coffret In4., recouvert de suédine verte, le premier plat titré en pointillés blancs au pochoir
Exemplaire complet de ses 94 reproductions en fac-similé et phototypie sur différents papiers, des années 1911 à 1915
Trois reproductions supplémentaires "Sculpture musicale", "Dans le pendu, famille et épanouissement", "Régime de la pesanteur" sont jointes.
Signé, daté et situé "Marcel Duchamp Paris 1934" par l'artiste au crayon rouge à l'intérieur de l'emboitage sur la tranche.
D'une édition à 320 exemplaires, 300 exemplaires numérotés + 20 Deluxe, celui-ci numéroté "257/300" au stylo rouge
(D) : 33,3 x 28,5 cm
Un certificat de l'Association Marcel Duchamp sera remis à l'acquéreur.
Estimation : 20 000 / 30 000 euros
En l’ouvrant dix ans plus tard, on constate le bris des panneaux de verre. L’artiste décide de conserver les brisures et assembler les fragments dans des plaques de verre plus épaisses. Si l’œuvre est aujourd’hui conservée au Philadelphia Museum of Art, les 93 documents explicatifs (notes, schémas, dessins) sont publiés en 1934 sous le titre de Boîte verte. Ils constituent une partie intégrante de l’œuvre. Édité à 300 copies, l'ouvrage est une reproduction intégrale de ses notes écrites sur des bouts de papier, en respectant le format, les encres de couleur, les ratures et les corrections. Celui qu’André Breton qualifiait d’« homme le plus intelligent du siècle », jeta ainsi les bases de l’art conceptuel en hissant les idées au rang de leur manifestation plastique.
