À l'occasion de sa prochaine vente aux enchères de design scandinave, le 4 mars 2021, PIASA présentera aux collectionneurs une large sélection de luminaires de plusieurs grands designers du XXe siècle.
Par leur position géographique, les pays Scandinaves sont caractérisés par un manque de lumière naturelle dans la saison hivernale. À Copenhague, l’ensoleillement quotidien moyen par an est de 4 heures et 30 minutes et il pleut 220 jours par an. Le positionnement du soleil est également beaucoup plus bas qu’en Europe méridionale, et ce phénomène a une influence sur la perception de la luminosité. Dans ce contexte, la lumière revêt depuis toujours une importance fondamentale en Scandinavie où lumière artificielle et naturelle doivent se compléter au mieux pour accompagner les activités de l’homme.
Avant de se traduire dans le cadre domestique par toute une série d’équipements de diverse nature, la lumière est d’abord une question de symbolique, de culture et de lien social. En Finlande, il existe ainsi un moment que les Finnois appellent « Le moment bleu », qui peut durer quelques heures entre le coucher du soleil et la nuit. Le ciel est alors bleu profond et les gens se retrouvent pour admirer ce magnifique spectacle du ciel tout en sociabilisant. Au Danemark, on parle de « Hygge » pour décrire une atmosphère agréable et intimiste, qui favorise les relations avec les proches, autour d’un éclairage à la bougie. Chaque année enfin, le 13 décembre, jour de la Sainte Lucie, marque partout en Scandinavie le retour de la lumière, que l’on célèbre à travers une procession de demoiselles et de garçons d’honneur vêtus de blanc et portant une bougie à la main.
Hans Bergstöm ( 1910-1996)
Topas 8
Estimation : 2000 / 3000 €
Contrastant avec les nuits sans fin de l’hiver, la lumière des beaux jours est aussi perçue avec une acuité décuplée. A l’extrémité nord du Jutland, la ville danoise de Skagen fait face de trois côtés à la mer. En été, le reflet du soleil sur la mer du Nord et la mer Baltique enveloppe la ville d’une lumière singulière. De la fin du XIXe siècle au début du XXe siècle, cette luminosité a attiré de nombreux peintres, dits de l’Ecole de Skagen, qui se sont essayés à coucher sur la toile les reflets changeants de cette lumière septentrionale.
Tous ces exemples sont des marqueurs forts des différentes acceptions esthétiques, culturelles et sociales de la lumière au nord de l’Europe. La vie comme les intérieurs en Scandinavie s’organisent autour de la lumière. Il faut d’abord adapter son espace à la lumière naturelle existante pour en profiter au maximum, sans trop perdre en termes d’isolation thermique, puis développer ensuite des sources de lumière artificielle complémentaires, efficaces, économiques, ergonomiques et esthétiques.
Travail norvégien (XXe)
Paire de suspension
Estimation : 15000 / 20000 €
Dotés d’un tissu industriel développé, de savoir-faire artisanaux ancestraux et d’un goût pour la modernité, les Scandinaves se sont ainsi imposés dès le début du XXe siècle comme des experts ès-lumière, que celle-ci soit le fruit de la fée électricité ou de la flamme de la bougie. Au Danemark, en Finlande et en Suède, certaines manufactures ont élevé leur production au rang d’icônes du design international : Louis Poulsen avec la gamme Flowerpot de Verner Panton, les suspensions PH et Artichoke de Poul Henningsen, Valaistustyö avec le lampadaire A808 d’Al- var Aalto, Skultuna avec le bougeoir Lily de Pierre Forsell, etc.
Hans-Agne Jakobsson (1919-2009)
Paire d'appliques
Estimation : 3000 / 4000 €
Au panthéon du luminaire scandinave, le Finnois Paavo Tynell occupe une place prééminente. Né à Helsinki en 1890, formé à la ferronnerie d’art, Paavo Tynell suit des cours du soir à l’École des arts appliqués et se forme chez un fabricant de bijoux. En 1918, il co-fonde la maison d’édition Taito Oy (Savoir-faire S. A) qui donnera au luminaire scandinave ses lettres de noblesse, grâce à son style singulier. Tynell intègre en effet dans ses créations de nombreux éléments naturels très poétiques, telles des formes de coquillage, feuilles, fleurs, flocon de neige... Pour ses œuvres les plus exclusives, il allie par- fois le laiton et le cuir, emploie de fines lamelles de bois pour parer ses abats-jours.
Paavo Tynell (1890-1973)
Modèle n°9619
Estimation: 40000 / 60000 €
Salué comme « l’éclaireur de Finlande », la cote de Paavo Tynell est grandissante et suit celle d’Alvar Aalto avec qui il a collaboré. Son travail extraordinaire se découvre in-situ un peu partout en Finlande, depuis l’école de commerce d’Helsinki jusqu’à la très jolie Chapelle de la Résurrection du cimetière de Turku, élevée en 1941 par Erik Bryggman, et restaurée par LPR architects Ltd. Synthèse adulte du travail de l’architecte, l’édifice combine des formes organiques tout en dialoguant avec le paysage environnant. Partout à l’intérieur et à l’extérieur de l’édifice, le travail de Tynell est un hymne à la nature et à légèreté. Dans ce lieu austère inauguré au milieu de la Deuxième Guerre Mondiale, les suspensions, bougeoirs, plafonniers, croix et autres éléments décoratifs du maître finlandais de la lumière confèrent par touche poésie, simplicité et spiritualité. La lumière au milieu des ténèbres
Poul Henningsen (1894-1967)
Modèle n°PH 31/2/2
Estimation : 12000 / 18000 €
