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Kehinde Wiley et la culture chinoise

12 mai 2021

La maison PIASA organise le mercredi 19 mai une vente d’art contemporain africain. Cette vente présentera notamment le travail de Kehinde Wiley, figure montante de la peinture outre-atlantique ayant entre autres, réalisé le portrait du président américain Barack Obama.

La série The world stage: China de Kehinde Wiley est la première d’un projet qui conduira le célèbre artiste américain à Dakar et Lagos, en Jamaïque, en Israël, en France, en Inde et au Sri Lanka.... Parallèlement à la création d’un de ses studios satellites à Pékin, où il passe plusieurs mois par an depuis 2006, Wiley, qui parle couramment le mandarin, se confronte par ce travail entamé la même année à l’histoire de la propagande politique, qu’il rencontre pour la première fois à l’occasion d’un voyage effectué dans sa jeunesse, dans un camp artistique à Saint-Pétersbourg, en Russie. « A partir du moment où il décide de travailler en Chine, Wiley estime qu’il est important que les peintures incarnent une référence spécifique à la culture chinoise. En découvrant des affiches de propagande datant de la révolution culturelle, Wiley trouve une corrélation entre la manière dont l’identité afro-américaine a été et continue d’être fabriquée et manipulée par les médias et la société, et la manière dont l’identité nationale chinoise a été déformée pendant l’ère maoïste. (...) Ces affiches, et les idées qu’elles ont générées, ont fourni à Wiley la base contextuelle de sa série. Comme dans ses œuvres précédentes (où il réinterprète des chefs-d’œuvre d’artistes tels que Titien et Tiepolo), Wiley positionne de jeunes hommes noirs contemporains dans des positions historiques, utilisant cette fois, les affiches de propagande comme point de départ. 

En transformant ces hommes ordinaires en figures héroïques, les modèles de Wiley (qu’il recrute dans diverses villes des États-Unis, et photographie) sont représentés dans des vêtements de tous les jours et entourés de motifs picturaux désormais inspirés de la peinture de paysage chinoise, de textiles anciens et de motifs empruntés aux céramiques traditionnelles. » Jennifer Jankauskas, conservatrice associée des expositions, John Michael Kohler Arts Center, d’après J. Jankauskas, G. Tate, P. Miller, Kehinde Wiley, the world stage : China, New York, 2007. Américain, de père nigérian, revisitant les icônes eurocentriques de l’histoire de l’art à partir de plusieurs studios à Pékin, New York et Dakar : Kehinde Wiley l’artiste, tout comme son œuvre, est un pont entre plusieurs mondes et nous invite à remettre en question des notions préconçues d’identité, de classe et de genre. Dans Encourage good manners and politeness, Brighten up your surroundings with plants (文明礼 貌绿化美化), 2007, la jeune chinoise au foulard rouge tenant une jeune pousse dans l'affiche initiale est remplacée par un jeune homme noir. Saisis dans le même geste, ils sont pourtant différents : alors que les yeux de la jeune fille sont baissés vers la plante qu’elle tient dans ses mains, le jeune homme fixe directement le spectateur, évoquant un multiplicité de sens rappelant les maîtres de la peinture flamande tels que Pieter Brueghel. 

L’œuvre utilise le même fond à décors de chrysanthèmes que notre tableau, nous ramenant à la signification de cette fleur spécifique dans la culture chinoise, liée à la pureté et à la noblesse de caractère. Le chrysanthème est la fleur qui s’épanouit avec élégance en automne, laissant les autres fleurs se disputer l’attention au printemps. Le fait de voir ce motif répété sur fond rouge dans le portrait d’un jeune homme, qui nous est présenté par son seul prénom : Ivelaw, invite le spectateur à accorder les mêmes qualités au jeune homme représenté, un effet encore accentué par le menton relevé du personnage et son regard calme et confiant. Nous ne connaissons peut-être pas Ivelaw, mais nous savons qu’il existe. Une petite recherche nous permet de le retrouver dans un dessin, qui fait partie de la collection du Nasher Museum of Art à Duke University. Ici et là, Ivelaw est présent mais hors de portée. Les dimensions de l’œuvre, en contraste avecl’échelle monumentale habituellement privilégiée par l’artiste, renforcent cette notion d’élégance discrète, et invitent à la contemplation - une incarnation du terme coolness a a moral quality théorisé par Robert Farris Thompson dans son livre fondamental Flash of the spirit : African and Afro American Art and Philosophy.


Kehinde Wiley (né en 1977, Etats-Unis)
Ivelaw I (From the world stage: China), 2007

Estimation : 100 000 / 150 000 €

Vente associée

Afrique + Art Moderne et Contemporain

Paris mercredi 19 mai 16:00 Voir les lots

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