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Leonora Carrington, de la musicalité de l’âme aux profondeurs de l’être

9 octobre 2025

Leonora Carrington s'est installée à Mexico en 1942, rue Chihuahua dans une maison sans façade avec une fenêtre sur le haut et une porte étroite sur le côté où rien ne transparaît de cet extérieur froid. Le passage à l’intérieur est déjà un premier pas, premier pont dans un univers où les meubles, objets et plantes sont le prolongement de son esprit, de son âme. Elle n’est pas une peintre, sculpteur ou poète, elle est bien plus que cela, elle est l’âme créatrice, naviguant entre plusieurs mondes, réalisant ainsi l’Unité de la pensée. Mettre à jour l’inconscient, le faire coexister pleinement avec la conscience afin de réaliser l’état révélé. La sculpture de la femme chat datée du 5 mars 1951, divulgue cette symbolique essentielle, ouvrant ainsi la mer en deux, dévoilant les secrets de l’être.

Elle ne réalise que très peu de sculptures à cette période, celle-ci utilise le manche en bois d’un instrument de musique, surmontée d’une tête de chat sculptée et peinte, le corps est constellé de nombreux symboles peints, la gorge est transpercée d’un bâton en bois d’où descendent latéralement deux cordes musicales attachées aux clefs, à la base du manche. Les seins sont parfaitement centrés et alignés entre lesquelles un premier triangle est dessiné ; en dessous, une lune peinte à partir de laquelle montent et descendent des personnages et animaux sacrés évoquant l’échelle de Jacob, sur le bas un poisson nageant dans les eaux du ventre où deux mains sculptées sont superposées délicatement. Le sexe est ouvert, l’intérieur est peint en rouge, deux mains sont ouvertes de part et d’autre de l’ouverture et en contrebas rayonne en creux un cercle rouge. Enfin deux silhouettes d’apparence humaines sont allongées en sens inverse l’une de l’autre, chacune surmontée d’un croissant de lune.

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Leonora Carrington

(Clayton Green, 1917 - Mexico, 2011)

Estimation
600 000 / 900 000 €

Cette sculpture renferme l’essence de la pensée de l’artiste et possède toutes les dimensions séfirotiques du monde. Le chat fait référence aux neuf vies en rapport aux neuf portes qu’elle mentionne régulièrement dans ses écrits. L’arbre des sefirots, des 10 mondes, de celui le plus élevé, la couronne, au monde le plus bas, le royaume, dévoile le flux divin qui voyage graduellement de haut en bas et de bas en haut.

Le corps, miroir du monde, est composé de ses différentes facettes, de ces neufs degrés. Neuf, comme un renouveau, une naissance, comme les ouvertures physiques entre le monde intérieur et extérieur. La neuvième sphère ou sphère de la fondation fait le lien entre les mondes supérieurs et inférieurs. Au niveau de la tête, une étoile rayonne au- dessus de l’arête du nez, un oiseau descend sur la partie droite du front et une figure s’élève sur la partie gauche. Le front est également ouvert, séparant l’hémisphère droit de l’hémisphère gauche où sont gravées et peintes des figures hybrides. Absolument rien n’est laissé au hasard ou pour reprendre la célèbre phrase d’Einstein, ‘’le hasard c’est D. qui se promène incognito’’.

Le forme ajourée et peinte au niveau du sexe n’a rien de sexuel, elle est la matrice que nous pourrions appeler l’Origine du Monde, la vitalité première, accomplie, libérée.

De la musicalité de l’âme aux profondeurs de l’être, cette œuvre ou plutôt ce chef d’œuvre offre à nos yeux et à nos oreilles, la connaissance ontologique de l’origine.

« Je suis neuf portes.

Je t'ouvrirai celle où tu frapperas. »

On n’acquiert pas, avec cette sculpture, une image ou un objet, ou un jeu de mot. En possédant cette œuvre, on accepte de pénétrer les secrets du monde, de ne plus penser le monde comme objet et soi comme sujet, mais de les réunir dans une alliance perpétuelle.

Fabien Béjean-Leibenson

Vente associée

La collection Geneviève et Jean-Paul Kahn </BR> La femme surréaliste

2ème partie

Paris mardi 14 oct. 19:00 Voir les lots