Dans le cadre de la vacation « Collection Daniel Varenne II » le mercredi 28 octobre 2020, PIASA présente un ensemble d’œuvres d’art d’artistes de la seconde moitié du XXe siècle, parmi lesquels deux pièces réalisées par le couple le plus emblématique de l'Art Contemporain hexagonal.
Christo est le nom d’artiste revendiqué par Christo Vladimiroff Javacheff, né le 13 juin 1935 à Gabrovoen Bulgarie, et Jeanne-Claude celui de Jeanne-Claude Denat de Guillebon, née le même jour à Casablanca au Maroc. Il est l’incarnation d’une volonté de collaboration artistique qui refuse la mise en avant de l’ego et outrepasse les catégories traditionnellement admises, puisque leurs oeuvres comprennent la sculpture, le dessin, la photographie, l’architecture, et que les artistes interviennent dans des domaines qui relèvent tant de l’urbanisme, de l’écologie que du politique.
Christo se signale sur la scène artistique lorsqu’il arrive à Paris en 1958 et qu’il réalise ses premiers "Empaquetages et Objets empaquetés" qui lui valent d’être intégré au groupe des Nouveaux Réalistes par Pierre Restany. Les premiers projets monumentaux de Christo datent de 1961, année où il réalise un empilement de barils et des empaquetages dans les docks du port de Cologne. En 1962, il érige un mur de barils d’essence rue Visconti à Paris, intitulée Rideau de fer, en signe de protestation contre l’édification du Mur de Berlin l’année précédente.
Lorsque Christo et Jeanne-Claude s’installent définitivement à New York à partir de 1964, ils développent la série des « Store Fronts », initiée en 1961. Ces œuvres ont pour point de départ un premier ensemble de devantures exécuté en 1963 à partir de vraies vitrines en verre auxquelles avait été ajouté de la lumière électrique et dont les faces internes des vitres avaient été recouvertes par du papier, de la peinture ou du tissu, afin d’en dissimuler l’intérieur.
La série des « Store Fronts » consiste en la réalisation de devantures grandeur nature directement inspirées de l’architecture de New York et pour lesquelles sont exécutées au préalable des schémas, des photomontages, ou des maquettes. Elles retiendront Christo pendant quatre ans, période qui s’achève par l’exposition de sa plus grande pièce du genre, une « Devanture corridor », à la 4e Documenta de Cassel, en 1968.
On observe l’évolution dans les choix de Christo de vitrines d’un style ancien vers un style plus contemporain, avec pour les dernières œuvres une volonté de devantures délibérément neutres, présentant des lignes raides et strictes, des couleurs limitées, dont la particularité est finalement d’en avoir aucune.Ces devantures, construites en bois et en Plexiglas mais aussi en métal galvanisé et en aluminium, marquent un tournant décisif dans l’évolution du travail de Christo. Elles préfigurent le travail à venir par l’emploi de matériaux de nature industriels et également par le recours au procédé du voilement visant à susciter la curiosité du spectateur et son désir de voir. Tout comme dans ses travaux d’architecture ultérieurs, la particularité des « Store Front » réside dans le paradoxe de leur masquage, leur présence sous-jacente et mystérieuse.

