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En 1953, une quête de liberté créatrice inaccessible dans une Amérique marquée par la ségrégation impose à Beauford Delaney de quitter New York pour Paris. C’est le début d’une métamorphose artistique et personnelle pour ce peintre qui peut dès alors affirmer son identité d’artiste noir et homosexuel. Sans titre, 1967 (100 000 - 150 000 €) exprime parfaitement cette émancipation fondatrice par son jaune éclatant, ou les empâtements semblent danser comme de petites flamèches sur la toile. Cette intensité chromatique répond à une quête intime, celle d’une “lumière éternelle”. Beauford Delaney, formé à la peinture classique, est d’abord connu pour ses portraits empreints d’une grande humanité, capturant l’essence de figures noires comme son ami l’écrivain James Baldwin. En décidant de le rejoindre à Paris, son travail évolue sous l’effet d’un environnement artistique plus libre. Il explore alors les champs de la peinture avec une ferveur nouvelle. Dans ses toiles, le jaune n’est pas seulement une couleur : c’est une lumière spirituelle, une énergie vitale, une façon de percer l’ombre pour découvrir une vérité.
Le Paris des années 1950 est un refuge pour le peintre, transformé par la scène artistique parisienne où se croisent des artistes du monde entier. Influencé par le Color Field Painting, ses œuvres sont remarquées par le chantre de l’abstraction lyrique Paul Facchetti qui l’expose dans sa galerie en 1960. Beauford Delaney à Paris, c’est l’histoire d’une lumière métamorphosée en couleur et d’une couleur transcendée par la lumière. Sa peinture s’élève au rang de méditation qui visite les espaces entre figuration et abstraction, entre vécu personnel et universel. Grâce à ce prisme, il définit un langage plastique où chaque nuance, chaque éclat parle espoir et résilience, réinvention et libération.
