La maison PIASA organise le jeudi 23 juin une vente d’éditions : estampes, livres illustrés et autres œuvres multiples. composée de 258 lots, cette vacation offre un large regard sur l’univers de l’édition d’art du 20ème et 21ème siècle. Cette vacation se caractérise également par la présence d’un important fonds provenant de la collection de l'artiste Maria Papa Rostkowska. Les œuvres qui ponctuent ce catalogue sont les témoins de ces années parisiennes et de l’amitié qu'elle lia avec de nombreux artistes.
Résistante en Pologne durant la guerre, la jeune Maria Papa Rostkowska participe au sauvetage des Juifs du Ghetto de Varsovie avec son mari Ludwik Rostkowski. Lors de l’insurrection de la ville en 1944, elle est arrêtée pour être déportée vers le camp de concentration d’Auschwitz mais parvient à s’enfuir avant d’atteindre la funeste destination. Elle recevra à la Libération, l’une des plus hautes distinctions militaires polonaises : l’ordre de Virtuti Militari, en reconnaissance de ses actions.
Artiste reconnue en Pologne, Maria Papa Rostkowska enseigne d’abord la peinture à l’Académie des beaux-arts de Varsovie avant de poursuivre sa carrière à Paris, à la fin des années 1950. Soutenue par Edouard Pignon, elle fréquente les artistes de la Nouvelle École de Paris parmi lesquels Joan Miró, Sonia Delaunay, Hans Arp, Serge Poliakoff, Nina Kandinsky, Lucio Fontana, Wifredo Lam ou encore Alberto Magnelli. Peu à peu, elle choisit la sculpture pour exprimer une personnalité déjà affirmée.
C’est à cette époque qu’elle fait la connaissance de Gualtieri Papa di San Lazzaro, galeriste, écrivain, journaliste et fondateur de la Revue XXe siècle, qu’elle épousera en secondes noces en 1958. La revue joue un rôle clé dans le développement des œuvres des artistes de la scène parisienne d’alors, à l’instar d’autres publications comme Verve ou Cahiers d’Art. Dans ce contexte, le couple accueille nombre des historiens d’art les plus importants des années 1950 et 1960, notamment Alain Bosquet, Bernard Dorival, Pierre Restany, Alain Jouffroy, André Pieyre de Mandiargues Michel Ragon ou encore Eugène Ionesco.
Poursuivant ses recherches plastiques, Maria Papa Rostkowska s’oriente finalement vers la taille directe du marbre après avoir un temps travaillé la terre cuite à Albisola et le bronze. Au début des années 1970, l’artiste quitte Paris et installe définitivement son atelier en Italie, dans la ville de Pietrasanta, non loin de Carrare.
De ses années parisiennes, Maria Papa Rostkowska conservera des liens ténus avec de nombreux peintres et sculpteurs. Car même si elle œuvra seule, elle sut s’entourer d’amis artistes fidèles qui furent de véritables soutiens tout au long de sa vie, à l’instar de Jean Arp ou Marino Marini – qui fut son compagnon de travail – et avec qui elle correspondit de nombreuses années.
Les pièces de la collection, que nous vous présentons aujourd’hui au fil des pages, ont pour la plupart été offertes par les artistes eux-mêmes à Maria Papa Rostkowska et constituent en ce sens bien plus qu’une sélection d’œuvres graphiques majeures du 20e s.. Ils sont avant tout une évocation de l’amitié et de l’admiration qu’ont témoigné les artistes de son temps à cette femme et artiste au parcours hors du commun.