Fortement dynamisé par sa dernière vacation qui, le 7 novembre 2019, avait doublé son estimation en atteignant 1,43 million d’euros, le département d’Art contemporain africain de PIASA organise, en partenariat avec ASPIRE auction house, une vente le 14 février 2020 à Cape Town en Afrique du sud. Cet évènement inédit aura lieu en marge de la Investec Cape Town Art Fair.
Pour cette vente, qui constitue une première en matière de rapprochement entre une maison de vente occidentale et une maison de vente basée sur le continent africain, PIASA et ASPIRE mettront en commun leurs réseaux de collectionneurs et de contacts en Europe, aux États-Unis et sur le continent africain, pour proposer une sélection d’œuvres qui reflète la richesse et la diversité de la création artistique contemporaine de l’Afrique et de sa Diaspora.
PIASA apportera son regard et sa sélection d’artistes qui lui ont valu son positionnement de prescripteur sur le marché de l’art contemporain africain, acquis depuis 2014.
Reflet de la diversité de la production artistique africaine, la sélection proposera à la vente des œuvres d’artistes issus de scènes déjà bien identifiées par les collectionneurs comme la Côte d’Ivoire avec Aboudia, le Cameroun avec Marc Padeu ou le Congo avec Chéri Samba. Suivant son rôle de précurseur sur ce marché en plein expansion, PIASA présentera également des artistes originaires de régions dont l’intensité artistique est encore très largement méconnue. C’est par exemple le cas du Kenya avec Peter Ngugi ou du Soudan représenté par le peintre Salah Elmur.
Marlène Dumas (née en 1953)
Oktober 1973 est seulement la troisième œuvre originale de Marlène Dumas présentée aux enchères en Afrique du Sud, pour une artiste Sud-Africaine aujourd’hui considérée comme l’une des artistes contemporaines les plus influentes.
Réalisée par Dumas pendant sa seconde année d’étude à la Michaelis School of Fine Art, alors que, partout dans le monde, les étudiants militaient en faveur d’une libération politique et sexuelle, cette œuvre remarquable aborde sans crainte bon nombre des questions posées par son époque. Son exubérance picturale fait écho à celle des expressionnistes abstraits, tant admirés par ses professeurs, tel Kevin Atkinson. Le sujet—la passion érotique—préfigure ses travaux ultérieurs, dont certains visibles lors de sa récente exposition Myths and Mortals.
Partant du sujet classique qu’est le nu, Dumas représente, de manière candide et rafraîchissante, une femme nue en proie au plaisir érotique. En plaçant ce corps parfait, rose et lisse - contrastant délicieusement avec des organes génitaux d’un vert et d’un pourpre étonnamment vifs - dans un champ rouge vibrant, l’artiste évoque la nature extraordinaire du plaisir féminin et sa capacité unique à vivre une expérience multi-orgasmique, principes développés par les psychanalystes féministes françaises Julia Kristeva et Luce Irigaray.
Marlène Dumas (née en 1953, Afrique du Sud)
Peinture à l'huile et à l'eau sur toile, titrée en haut à droite
183,5 x 122,5 cm
Estimation : 189000 / 315000 €
Salah Elmur (né en 1966)
Diplômé du Collège des beaux-arts et des arts appliqués de Khartoum, Salah Elmur est l’auteur d’une œuvre pluridisciplinaire exposée, depuis une vingtaine d’année, à travers l'Afrique, le Moyen-Orient, l'Europe et l'Amérique du Nord. Parallèlement à sa production picturale, Salah Elmur réalise des courts métrages et a illustré près de 35 livres pour enfant traduits en plusieurs langues et très largement récompensés.
Comme en témoigne The Green Forest, le monde végétal occupe une place déterminante dans sa peinture. Il constituait le thème principal de ses deux dernières expositions : « Fragrances of the Forest and Photos » au Sharajah Art Museum aux Émirats arabes unis en février 2018 puis « Forests and Spirits : figurative art of the Khartoum School », un accrochage dédié au Soudan présenté à la Saatchi Gallery.
La récurrence de cette présence arborée n’est pas sans rappeler la forêt de Sunut, lieu de loisir et de convivialité, situé à la jonction du Nil blanc et du Nil bleu au centre de Khartoum, la capitale soudanaise qui a vu naître le peintre.
La couleur du ciel et la présence mystérieuse d’une chouette stylisée indiquent les dernières heures du jour. Le mutisme, la frontalité et la disproportion de l’homme et de la femme façonnent une atmosphère intrigante, prompte à susciter l’attention des spectateurs.
Salah Elmur (né en 1966, Soudan)
Huile sur toile
137.5 x 138 cm
Estimation : 12000 / 16000 €
Au fil des ventes, PIASA est parvenu à sensibiliser un public de collectionneurs toujours plus important à la puissance expressive des tableaux de l’artiste ivoirien Aboudia
Aboudia est repéré par la critique internationale en 2011 grâce à ses œuvres documentant les violences de la crise ivoirienne. En 2010, il est à Abidjan lorsqu’éclatent les émeutes qui suivent les élections présidentielles. Alors que de nombreux intellectuels et artistes préfèrent fuir la guerre civile, Aboudia choisit de rester et de travailler malgré le danger.
La peinture d’Aboudia est pleine d’enfants, mais ceux-ci sont très différents des gamins photogéniques des images idéalisées de l’Afrique. Ces enfants-là sont peints de manière naïve et brutale. Les visages dans un état de surprise permanent, pas encore blasés par la vision des scènes de violence ordinaire. Aboudia peint à la mode nouchi, un mélange des styles de la rue qu’il fait sien, une source d’évasion en réponse aux privations que l’on retrouve sur les murs des quartiers des environs d’Abidjan.
Abdoulaye Diarrassouba dit "Aboudia" (né en 1983, Côte d'Ivoire)
Acrylique, pastels gras et collages sur toile
100 x 139 cm
Estimation : 8 000 / 10 000 euros
L’artiste kenyan a fait du vêtement – contemporain ou traditionnel - le véritable sujet de ses tableaux. Généralement représentés en pied, les hommes et les femmes qui les portent sont souvent relégués au rang de simples silhouettes comme dans Through the print, réalisé en 2019.
Lorsqu’ils ne sont pas laissés vierge, les fonds sont peuplés de formes géométriques, d’objets symbolisant la modernité africaine ou encore de motifs végétaux.
Peter Ngugi (né en 1978, Kenya)
Acrylique sur toile Signée en bas à gauche
208 x 200 cm
Estimation : 6 000 / 8 000 euros
Diplômé de l’institut des beaux-arts de l’université de Douala (IBA), le jeune artiste camerounais Marc Padeu est parvenu en quelques années à s’imposer dans le paysage, de plus en plus dynamique, de l’art contemporain africain. Lors de la dernière vacation organisée le 7 novembre 2019 par PIASA, deux de ses toiles se sont vendues pour près de 200 000 euros.
Les toiles de Marc Padeu sont un pont tendu de part et d’autre de la méditerranée. Tandis que les modèles qui peuplent ses compositions semblent être issus de la modernité africaine, les scènes représentées font directement référence aux tableaux religieux de la Renaissance italienne. La scène de prière se déroule devant un fond de feuilles de bananiers. L’auréole enserrant la tête des deux hommes – emblème du christianisme – dialogue avec le masque bamiléké porté par le personnage de droite symbolisant quant à lui la culture traditionnelle de l’artiste qui vit et travaille toujours dans son Cameroun natal.
Marc Padeu (né en 1990, Cameroun)
Acrylique et paillettes sur toile
189 x 209 cm
Estimation : 5040 / 8000 €
Originaire de Tanger, Mohamed Saïd Chair quitte le monde de la finance dans lequel il était entré à l’issue de ses études pour pouvoir se consacrer pleinement à l’exercice de sa passion : la peinture.
Fortement influencées par l’esthétique figurative, notamment celle façonnée par le peintre britannique Lucian Freud, ces œuvres représentent des personnages la tête couverte par une boite en carton, créant ainsi un écho au matériau cartonné servant de support.
Mohamed Saïd Chair (né en 1989, Maroc)
Huile sur carton
190 x 115 cm
Estimation : 5040 / 8000 €
Chéri Samba se fait connaître internationalement lorsqu’il participe à l’exposition « Les Magiciens de la Terre » au Centre Pompidou en 1989. L’artiste vit aujourd’hui entre Kinshasa et Paris et son œuvre est régulièrement mise en valeur, notamment lors de l’édition 2007 de la Biennale de Venise et de l’exposition du Louvre « Une brève Histoire de l’avenir » en 2015.
En 1972 ce fils de forgeron quitte son village pour Kinshasa à 16 ans afin de devenir peintre pour des enseignes publicitaires. Dans le même temps il travaille pour la revue congolaise de divertissement Bilenge Info et ouvre son studio en 1975. Il devient très rapidement connu au Congo grâce au tirage important de la revue. C’est à cette période qu’il développe son style qui combine peinture et texte
Chéri Samba (né en 1956, République Démocratique du Congo)
Huile sur toile
Signée et datée en bas à droite Titrée en haut à gauche
80 x 113 cm
Estimation : 14 000 / 18 000 euros
Zemba Luzamba (né en 1973)
Avant de quitter son pays natal pour étudier dans une école de commerce de Lusaka en Zambie, l’artiste congolais Zemba Luzamba avait suivi des cours dans une école d’art. En 2000, il s’installe en Afrique du Sud.
Hyper réaliste, sa peinture met en scène des sujets projetés dans un lieu où le contexte, s’il n’est pas totalement absent, se fait très discret.
Tel un vestige du temps présent, la toile Nouvelle génération représente à la fois l’art de la sape – extrêmement populaire dans un certain nombre de sociétés africaines – mais également l’obsession de la nouvelle génération pour l’image de soi reflétée par la technologie.
Zemba Luzamba (né en 1973, République Démocratique du Congo)
Huile sur toile
Signée et datée en bas à droite Titrée et datée au dos
134 x 169 cm
Estimation : 6 000 / 8 000 euros
Jacobus Hendrik Pierneef (1886–1957)
JH Pierneef occupe une place à part dans l'histoire de l'art sud-africaine et dans notre imaginaire. Alors même qu'il avait de nombreux admirateurs de son vivant, peu nombreux étaient ceux qui partageaient sa vision unique. Dans cette rare peinture ancienne, l'artiste capture les particularités du paysage sud-africain avec une facilité apparente, révélant à la fois l'esprit du lieu et la qualité de la vie en plein air qu'il aimait et appréciait tant. Bien que les arbres soient un sujet récurrent dans l’oeuvre de Pierneef, les baobabs y sont rares. Cette œuvre centenaire est probablement sa première représentation de ces arbres extraordinaires présents dans les régions basses d'Afrique et d'Australie. Pouvant atteindre une taille très importante, ils peuvent atteindre 3000 ans.
Connu pour sa générosité, Pierneef était toujours prêt à partager son expérience et son enthousiasme pour les paysages de son pays, qu’il admirait tant et dont il a dépeint les vues avec une telle authenticité qu'il nous permet de les voir à nouveau à travers lui, comme Anton Hendricks, Directeur de la Johannesburg Art Gallery de 1937 à 1964, l’a observé.
Lors de ses études à la Rotterdam Academy en 1901, Pierneef a probablement été impressionné par l'extraordinaire architecture Jugendstil de la ville que l'on peut admirer dans le Scheepvaartkwartier (quartier des transports) - une influence que l’on retrouve peut-être dans les lignes sinueuses et la couleur vive de cette peinture ancienne.
Jacobus Hendrik Pierneef (1886 -1957)
Baobabs with Soutpansberg in the distance, 1920
Huile sur planche
Signée et datée en bas à gauche
70 x 98 cm
Estimation : 378 000 - 567 000 euros
William Kentridge (né en 1955)
Whilst reaching down (slowly) est issue d'un corpus d'œuvres multimédias de William Kentridge créé en 2013/2014, sous le titre général 2nd Hand Reading.
Cette exposition ambitieuse a développé l’idée de ce qu’on pourrait appeler le «dictionnaire palimpseste». Commençant par une série de dessins sur des pages de dictionnaire trouvées, qui sont ensuite devenues à la fois une narration filmique et une animation de flip-book, la série mêle l'intérêt de longue date de Kentridge pour le texte, la narration filmique (y compris la photographie) et le dessin.
Sa série révolutionnaire de travaux majeurs était bien sûr cinématographique—le cycle de dessins animés au fusain relatant l'ascension et la chute de Randlord Soho Eckstein à Johannesburg, et les vicissitudes de sa vie amoureuse avec Mme Eckstein et son amant, l'alter ego de Soho, Felix Teitelbaum, avec en toile de fond une société sud-africaine tumultueuse et convulsive.
L'impression générale est étonnamment fluide pour une œuvre d'art utilisant du texte. Kentridge transforme magistralement le dessin de la page du dictionnaire en une œuvre d'art. Son format en grille rappelle les expériences de «chronophotographie» d’Eadward Muybridge et d’Etienne Marey - c’est-à-dire la tentative de capture et de contrôle du temps grâce à une technologie basée sur l’image. Seul Kentridge, entre tous les artistes contemporains, pouvait réunir ces éléments de manière convaincante.
William Kentridge (né en 1955)
Whilst Reaching Down (Slowly), 2013
120 x 160 cm
Estimation : 189 000 – 315 000 euros
Les 9 Dessins pour Projection de William Kentridge, initialement publiés après les neuf premiers films de Soho Eckstein (les films ont été réalisés entre 1989 et 2003), sont une série de projections de l'ensemble des neuf premiers courts métrages mettant en vedette ses personnages désormais emblématiques.
Certaines d'entre ces projections impliquaient des performances, avec au moins l’une d’entre elles mettant en vedette un quatuor à cordes jouant en direct, d'autres étant projetées comme des installations muséales. Bien qu'ajoutés depuis, les 9 Films retracent l'histoire fictive de l'anti-héros Soho Eckstein, riche propriétaire d'une mine sudafricaine, promoteur foncier et cocu.
Les neuf films racontent l'ascension et la chute de Soho à Johannesburg, la liaison passionnelle entre sa femme et son ennemi juré et alter ego Felix Teitlebaum, dans un contexte de remise en cause du régime d'apartheid, dont Soho profite. Cette série utilise l’une des images emblématiques de Kentridge, un appareil photo sinistre sur un trépied dominant un paysage, la suggestion d’un écran d’entrée sur un côté.
Le dessin à partir duquel la série a été réalisée incarne l'éthos stopmotion des dessins qui composent les films, une image suffisamment mélancolique et autoréférentielle pour faire connaître la série originale
William Kentridge (né en 1955, Afrique du Sud)
Taille de la feuille : 158,5 x 110 cm
Estimation : 25200 / 37800 €
Athi-Patra Ruga (né en 1984)
Le travail de l'artiste multidisciplinaire Athi-Patra Ruga est centré sur des avatars qui vivent des intrigues sous forme d’épisodes fantastiques imaginés par l'artiste, tous situés dans l'État-nation imaginaire d'Azania. Pour Ruga, Azania est une utopie qui existe simultanément en Afrique du Sud pré- et post-Apartheid, prétexte pour aborder les problèmes de transformation sociale dans son pays.
Les citoyens afrofuturistes d'Azania vivent une vie d'excès, parés de teintes audacieuses et de tissus extravagants. Notre photo représente la Future Femme Blanche d'Azania (FWWOA), se pavanant dans des ballons aux couleurs vives, symbole d’opulence.
Acteur principal de la saga de Ruga, l’artiste décrit son personnage comme «… trop mignon pour être vrai».1 Depuis 2008, Ruga a représenté la FWWOA plusieurs fois, notamment au Campo dei Frari lors de la 55e Biennale de Venise en 2013.
Athi-Patra Ruga est l'un des principaux artistes sud-africains et a reçu le prestigieux Standard Bank Young Artist Award en 2015. En 2017, il participa à l’exposition Art Afrique organisée par la Fondation Louis Vuitton à Paris, et en 2018/19 il présenta une exposition individuelle “Of Gods, Rainbows and Omissions” à Somerset House, Londres.
Athi-Patra Ruga (né en 1984, Afrique du Sud)
The Future White Woman of Azania II, 2012
Estimation : 9450 / 12600 €
Mary Sibande est née en 1982 près de Johannesburg, où elle continue à vivre et à travailler. Elle a obtenu un baccalauréat spécialisé en beaux-arts de l'Université de Johannesburg en 2007 après un diplôme en beaux-arts du Witwatersrand Technical College, également à Johannesburg, en 2004.
Elle est l'un des jeunes talents les plus brillants de l'art contemporain sud-africain et a reçu de nombreux prix, résidences et bourses, en Afrique du Sud et à l’étranger. Sibande construit une grande partie de son travail autour du travail domestique des femmes. Intéressé par la mode et par ses interactions avec l’art, l’artiste représente souvent un personnage drapé d’une étoffe utilisée pour la fabrication des uniformes des domestiques en Afrique du Sud.
Le personnage mis en scène est l’alter ego de l'artiste, appelé Sophie. L’influence parfois victorienne des costumes portés par Sophie fait référence à l’oppression dont les femmes noires ont fait l’objet en Afrique du Sud pendant la période coloniale. Le personnage a figuré dans un certain nombre d'expositions africaines et européennes, dont la Biennale de Venise 2011.
Sibande a déclaré que Sophie rendait hommage à son arrière-grand-mère, également employée de maison. Cette œuvre, à partir de 2013, faisait initialement partie de l'exposition itinérante de Sibande, The Purple Shall Govern, ainsi que de l’exposition intitulée Long Live the Dead Queen.
Mary Sibande (né en 1982, Afrique du Sud)
A Terrible Beauty is Born (from the Long Live the Dead Queen series), 2013
Estimation : 18900 / 25200 €












