En Angola, l’art, la culture et la littérature font partie intégrante de la société. Le premier président de la République Populaire d’Angola, Agostinho Neto était médecin et poète. Il a constamment cherché à faire vivre et à valoriser la culture traditionnelle angolaise. Lors de son incarcération de 1955 à 1957, il a reçu le soutien de Jean-Paul Sartre, François Mauriac, Louis Aragon et Simone de Beauvoir.
La place occupée par l’Angola sur la scène artistique internationale est parfois réduite à l’engagement de Sindika Dokolo, congolais d’origine et époux de Isabel do Santos. Dokolo est considéré comme le plus grand collectionneur africain d’art contemporain et classique africain. Très engagé dans sur les questions de restitution, il organisait en 2019 au musée BOZAR du Bruxelles, l’exposition « incarNations » consacrée à ses deux collections, sous la houlette de l’artiste sud-Africain Kendell Geers. La Fondation Dokolo était également à l’œuvre dans la mise en place des trois éditions de la Triennale de Luanda, initiée par l’artiste Fernando Alvim, qui avait pour vocation d’aborder toutes les disciplines et mediums.
En 2013, l’Angola remportait le Lion d’Or de la Biennale de Venise pour la meilleure participation nationale avec l’exposition de l’artiste Edson Chagas « Luanda : Encyclopedic City », et donnait par la même occasion un coup de projecteur sur la création artistique de tout le Continent.
La visibilité nationale et internationale des artistes plasticiens est en cours. L’une des figures emblématiques de la scène angolaise est l’artiste Antonio Ole qui célèbre actuellement ses 50 ans de carrière. S’il a été formé à la réalisation de films à UCLA, son œuvre est multidisciplinaire, et englobe la sculpture, la peinture et les installations.
Antonio Olé (né en 1951, Angola)
Footnotes, 2009
Collage et lithographie sur papier
Résultat: 2860 €
Ole puise son inspiration dans l’art traditionnel pour traiter des thèmes d’actualité universels tels que l’esclavage, la période coloniale, la guerre, les destructions, la pauvreté et la capacité de l’homme à résister et à survivre.
Si le projet de musée d’art contemporain espéré n’a pas encore vu le jour, Luanda offre une programmation riche et diversifiée, grâce au dynamisme de ces nombreuses galeries. La plupart du temps ce sont non seulement des espaces d’exposition, mais aussi des lieux de rencontre, de discussion voire des résidences d’artistes ouvertes aux créateurs du Continent africain et d’ailleurs. Les liens privilégiés avec le Portugal sont fréquents.
Dirigée par Janire Bilbao, Movart Gallery qui a ouvert une antenne à Lisbonne, est présente sur les foires d’art en Europe. Elle a représenté entre autres les artistes Ihosvanny Cisneros, Keyezua ou Toy Boy. La matière première de Ihosvanny est la ville de Luanda, son chaos, son trafic et son architecture. Il en résulte des vidéos, photographies et peintures au réalisme saisissant où les mediums se mélangent.

Ihosvanny Cisneros (né en 1975, Angola)
Riots and Rage, 2011
Résultat: 7800 €
Avec une esthétique radicalement différente, Toy Boy dépeint avec des coups de pinceaux naïfs, la dynamique de la famille et des communautés angolaise. Keyezua, quant à elle, se pose en conteuse de la renaissance africaine pour combattre les stéréotypes traditionnels.

Keyezua (née en 1988, Angola)
Women fighting political tigers 2, 2018
Résultat: 7800 €
« This is not a white Cube », pionnière dans la réflexion que mènent les galeries à travers le monde sur la question de l’espace d’exposition et de l’accessibilité de l’art, s’est installée à la Banque Economique de Luanda. Sonia Ribeiro y expose notamment Christiano Mangovo Bràs, Neilo Teixeira ou Pedo Pires. Christiano Mangovo a acquis depuis quelques années une reconnaissance internationale sur le marché de l’art. Il s’est formé au Congo où il a décliné les codes de la peinture populaire ayant cours à Kinshasa, avant de trouver son style lors des différentes résidences réalisées sur le Continent et ailleurs. Les peintures de Mangovo, sont uniques et singulières, à la fois empreintes de ses origines et désirables pour les collectionneurs occidentaux. Elles sont peuplées de personnages, d’animaux, de relations humaines et de multiples codes qui les rendent extrêmement narratives.
Cristiano Mangovo Bras (né en 1982, Angola)
Les amours contemporains, 2019
Résultat: 65000 €
Nelo est un autre artiste autodidacte de Luanda. Il utilise quantité d’objets trouvés, de bois et de tissus qu’il assemble pour donner de la voix aux rythmes et aux cultures de l’Angola. Pedro Pires quant à lui a la double culture angolaise et portugaise et explore ces deux identités.
Au travers de sa programmation, la Galerie Jahmek vise à lier l’amour, l’art et la vie. Elle représente notamment Kiluanji, Délio Jasse et Yonamine. Kiluanji Kia Henda est un artiste autodidacte qui travaille autour de la musique et du théâtre d’avant garde. Son art vise à transmettre et à faire comprendre l’histoire, en intervenant sur les thèmes de l’identité, la perception du post colonialisme et du modernisme en Afrique. Délio Jasse développe sa pratique au travers du travail photographique. En ayant recours à des images témoins de vies antérieures tels que des photos de passeports ou des albums de familles, il convoque la mémoire collective. Il expérimente et mélange techniques d’impressions traditionnelles avec ses propres innovations. Ses oeuvres brouillent la frontière entre le multiple et l’œuvre originale. Yonamine est une artiste résolument tourné sur le monde. Il a vécu et travaillé en Angola, en RDC, au Royaume-Uni, au Portugal et en Allemagne. Sa pratique artistique est aussi prolifique que les messages qu’il véhicule sur ces références propres et ses positions. Il mixe dans ses installations une grande variété de matériaux symboles de la culture populaire.
La galerie ELA (Espaço Luanda Arte) dirigée par Dominick Maia Tanner travaille avec des partenaires à travers le monde afin de donner une visibilité internationale à la scène angolaise. ELA expose dans les foires africaines et en occident et représente de façon régulière les travaux de Kapela, Ricardo Kapuka ou Francesco Vidal. Paulo Kapela est un ancien élève de l’école congolaise de Poto-Poto où il a été formé dans les années 1960. Sur ces collages, Kapela raconte la vie des gens de la rue, des personnalités politiques de l’Angola et des célébrités internationales que l’on trouve dans les médias. Le travail de Ricardo Kapuka convoque et confronte les motifs hérités de la tradition et les thèmes contemporains. Les œuvres de Francesco Vidal sont reconnaissables aux couleurs vives appliquées sur des papiers faits par l’artiste ou sur de la toile, parfois superposés comme des tuiles pour créer des installations. Né au Portugal de parents angolais et cap-verdiens, Vidal s’amuse de ses origines et combine ses influences multiples issues du cubisme, des tissus wax africains, de la culture hip-hop des années 1980, du graffiti et du street-art.

Francisco Vidal b.1978 Portugal
Sans titre
Résultat : 39830 ZAR