Né en 1921 en Pologne d’une famille Russe fuyant les Pogroms, Maurice Calka s’intéresse très tôt à la sculpture et est admis dès ses 16 ans aux Beaux Arts de Lille. Le directeur de son école, Roger Mallet-Stevens, trouve son travail prometteur et lui confie sa première commande - un bas relief monumental pour le pavillon de la Presse à l’Exposition du progrès social de Lille en 1939. Cette même année, Maurice Calka passe avec succès le concours de l’École des Beaux-Arts de Paris.
Calka interrompt ses recherches artistiques en 1942 pour rejoindre les Forces Françaises Libres du Général de Gaulle - interné avec les évadés de France au camp de concentration franquiste de Miranda, en Espagne, il parvient à devenir engagé volontaire de 1942 jusqu’à sa démobilisation en 1945, en Allemagne.
Maurice Calka (1921-1999)
Modèle dit « Grand PDG » Prototype, bureau
De retour aux Beaux-Arts, il est lauréat du Prix de Rome en 1950, lui ouvrant les portes de la Villa Médicis durant quatre ans. Cette opportunité lui permet d’expérimenter le travail de nouveaux matériaux, notamment le béton, et le rapproche de l’architecture et du design.
Il reçoit alors une commande spéciale pour sculpter un Lion de Juda à Addis-Abeba en Ethiopie, selon les désirs de Haïlé Sélassié. Ses premières ébauches dérivent de la représentation classique que l’on pourrait attendre à l’époque d’un lauréat du Prix de Rome - “Est-ce que c’est moderne ?” lui demande alors Sélassié. Calka répond oui. “C’est bien, c’est ce que je veux.”, réplique l’Empereur.
C’est cette modernité qui fera le succès discret du sculpteur, qui se spécialise dans les commandes publiques, intégrant ses sculptures dans l’architecture et l’urbanisme.
Je n'ai jamais admis que l'œuvre d'art soit pour l'essentiel l'affaire des galeries et des salons épisodiques et que ne soit pas promu un art public intéressant tout le monde. (…) J'ai consenti des efforts constants, considérables pour inciter les architectes et les urbanistes à la collaboration avec les plasticiens afin que puisse s'implanter un art public assez dense pour enrichir sensiblement le tissu urbain des villes, grandes ou petites, anciennes ou modernes.
Calka se tourne alors, et d’abord par nécessité économique, vers le design, qui fit sa véritable renommée malgré le petit nombre de pièces qu’il produisit. Il crée pour Leleu-Deshays le bureau Boomerang, tout en rondeurs, sculptural, en plastique moulé. Iconique, ce bureau est décliné en 41 coloris différents. Intemporel, Georges Pompidou en commanda un modèle pour son bureau à l’Élysée, Kanye West en possède un autre, blanc, trônant dans son bureau de Los Angeles parmi les oeuvres de Kaws, Murakami, ou George Condo. La version Grand PDG, créée en très peu d’exemplaires (environ six selon le fils du créateur, Serge Calka) possède des compartiments spéciaux pour intégrer le téléphone, ou un allume cigare. Son fauteuil pivotant et tournant sur rail, est une démonstration extrêmement rare des multiples talents de Maurice Calka
