Dans le cadre de sa vacation dédiée à l'Art Moderne et Contemporain du 3 juin 2021, la maison PIASA a le plaisir de proposer à la vente une très belle huile sur papier réalisée par le peintre cubain Wilfredo Lam.
Wifredo Lam passe son enfance et sa jeunesse à Cuba, où il étudie à l’école des Beaux Arts de la Havane. Fils d’un commerçant chinois immigré dans l’île au XIXe siècle et d’une métisse aux ancêtres venus d’Espagne et d’Afrique, il saura assumer et explorer ces origines riches et complexes. En 1923, Lam embarque pour l’Espagne, où il découvre Van Gogh, Gauguin, Cézanne, Matisse, les expressionnistes allemands, héritage européen qui lui permet de « se retrouver dans tout ce qui a perdu ses ancêtres » (Alain Jouffroy) et l’ammène à élaborer un langage aux formes très stylisées.
Fuyant la guerre d’Espagne, il se réfugie en France en 1938 et fait la rencontre décisive de Picasso, (dont il a vu quelques œuvres un an auparavant), puis par son intermédiaire, de Michel Leiris, Joan Miró, Tristan Tzara, Christian Zervos et d’Henri Kahnweiler. Pierre Loeb lui consacre sa première exposition personnelle, aux côtés de Picasso. A la déclaration de guerre, en 1939, Lam se rapproche d’André Breton et des surréalistes qu’il rejoint à Marseille et avec lesquels il embarque pour les Etats-Unis en 1941.
Il fait escale en Martinique où il retrouve André Masson et Aimé Césaire qui fondent la revue politique et culturelle « Tropiques », puis il s’installe à Cuba pour dix ans, aux côtés de Pierre Loeb, Pierre Mabille et Benjamin Perret. Se rendant à New York régulièrement, Lam y connait un vif succès : il est exposé régulièrement à la Pierre Matisse Gallery, ce qui conduira à l’acquisition par le Museum of Modern Art d’un de ses chefs- d’œuvre, La Jungle (1942-1943). Notre tableau, FemmeCheval, (1950) date de cette période d’une grande effervescence créatrice, où Lam a totalement fait sienne les influences de Picasso, de l’art primitif, sans céder à la tentation du folklore et de l’exotisme.
Wifredo Lam (1902-1982)
Femme cheval, circa 1950
Estimation : 100 000 - 150 €
La Femme-Cheval est une figure iconographique récurrente
dans la peinture de Lam : elle ne désigne pas une créature mythologique hybride mais
une femme possédée par une divinité appelée oricha. Hormis l’attribut féminin des
seins, la Femme-Cheval comporte trois parties hybrides : la chevelure-crinière, les fessescroupe-queue, la face-naseaux. Si la transformation en cheval est la condition même de
l’entrée en transe, Lam, d’après les auteurs Georges Sebbag et Lydia Cabrera, a choisi
de représenter la Femme-Cheval dans un état de repos, ce qui explique son caractère
hiératique, mais aussi le fait qu’elle soit recouverte d’un voile blanc.
Cette interprétation très personnelle des cultes afro-cubains pratiqués dans l’île, donnant lieu à une symbiose de l’humain et de l’animal, aura séduit la grande collectionneuse Gertrude Stein qui a possédé longtemps ce tableau, avant que n’en devienne propriétaire un des compatriotes de Lam, Jorge Camacho.
