La mode de Sonia Delaunay est intimement liée à sa peinture. Tout en l’affirmant comme une discipline artistique distincte son art reste identique et son expression unique. Si la première ‘robe simultanée’, faite de chutes d’étoffe géométriques assemblées, est inspirée des tissus traditionnels russes qui lui rappellent son enfance, elle est surtout l’expression du simultanéisme, mouvement créé par le couple Sonia et Robert Delaunay. Cette notion de simultanéisme ou contraste simultané repose sur l’opposition des couleurs complémentaires qui affectent la perception de chacune d’elles par l’observateur. Selon Blaise Cendrars, « ce contraste n’est pas un noir et blanc, au contraire, une dissemblance. L’art d’aujourd’hui est une profondeur. […] Le simultané est une technique, le contraste simultané est le perfectionnement le plus nouveau de ce métier, de cette technique. » Si Robert Delaunay applique cette méthode à la peinture ou aux décors de ballet, son épouse Sonia élargit le champ de sa création. Elle débute en relisant les costumes en 1918 du ballet de Diaghilev pour animer les tables de ses tissus, pour animer la vie de ses vêtements, pour animer la maison de sa décoration. Les motifs “simultanés“ qui apparaissent dans ses toiles se trouvent aussi sur les robes, les foulards, les sacs, la vaisselle, les automobiles, les tapis et tapisseries, estompant naturellement la rigoureuse frontière qui sépare alors les ‘beaux-arts’ des arts décoratifs.
Son apparition dans le monde de la mode est due à une suite de rencontres : Sergei Diaghilev, créateur des Ballets Russes, lui permet tout d'abord de dessiner des costumes pour la représentation de Cléopâtre. Ce premier pas dans la création de vêtements la conduit, au moment de son exil en Espagne puis au Portugal à ouvrir la Casa Sonia, une maison de décoration intérieure et de mode. À son retour à Paris, elle crée au sein de son appartement du boulevard Malesherbes la Maison Sonia où elle reçoit sa prestigieuse clientèle dans un salon entièrement décoré de ses créations. À la même époque, elle se rapproche des dadaïstes et des poètes surréalistes, et dessine par exemple des costumes pour la deuxième représentation de la pièce « Le Cœur à Gaz » de Tristan Tzara.

Sonia Delaunay imagine également des robes-poèmes pour les écrits d’Apollinaire et de Blaise Cendrars, dont 27 sont reproduites dans ce bel ouvrage.
Sonia Delaunay et Jacques Damase
Robes Poèmes
Résultat : 3120€
Sonia Delaunay fait entrer l’art dans la vie et fait vivre l’art. Elle souhaite « transformer la banalité quotidienne et les objets qui l'accompagnent en une ambiance artistique élevée », à l’avant-garde de la dynamique de réunification des arts qui traversera les XXème et XXIème siècles. La mode de Sonia Delaunay est simultanée, indissociable de toutes les créations de l’artiste, elle est une facette de son utilisation de la couleur comme force évocatrice du mouvement et de la lumière.

