La vacation dédiée à l’Art moderne et contemporain du mercredi 25 novembre 2020 présente une sélection d’artistes parmi les plus significatifs de la seconde moitié du XXe siècle. Cette nouvelle vente organisée par la maison PIASA est l’occasion de mettre en lumière le travail de l’artiste Sayed Haider Raza.
Considéré comme le premier peintre moderne indien, Sayed Haider Raza jouit aujourd’hui d’une grande notoriété internationale. Après une formation à l’école des Beaux-Arts de Bombay, il se rallie à l’avantgarde et devient l’un des membres fondateurs du « Progressive Artists Group », créé pour favoriser l’essor d’un art contemporain indien. A Paris, où Raza se rend dès le début des années 1950 grâce à une bourse du gouvernement français, il étudie à l’école des Beaux-Arts et participe à plusieurs Salons (Mai, Comparaison).
Son œuvre, réalisant la synthèse entre culture occidentale et spiritualité orientale, se rattache dans sa première période à la mouvance du paysagisme abstrait. Composition abstraite pure, « Les Vignes » (1967) joue de l’apparition de la lumière dans le chaos de formes sombres, entraînant une dissolution de leurs contours mais aussi un sentiment de respiration. Raza applique avec une touche légère et enlevée la peinture, dont les variations chromatiques de l’ocre au brun en passant par des verts légers.
Sayed Haider Raza (1922-2016)
Les Vignes, (P-700), 1967
Estimation : 50000 / 70000 €
Ces tonalités à la fois terreuses et lumineuses sont le reflet de la dimension spirituelle et intérieure de la peinture de Raza, au sujet de laquelle Jacques Lassaigne écrivait : « Raza a fait un grand effort pour animer sa vision, la nourrir d’apports concrets. Ses formes se développaient dans leurs contrastes, la lumière s’exaltant de l’opacité voisine. Raza peignait toujours un monde imaginaire, traversé de tragiques intensités mais sur le chevauchement de ses plans colorés les énergies se concentraient. Dans les empâtements de la matière circulait tout un réseau de veines violemment colorées. Des rouges et des jaunes fulgurants perçaient les noirs profonds. Des effets de tension, d’agitation nerveuse bouleversaient les zones d’ombre. La composition en était elle-même affectée et dans une même œuvre les battements pressés des formes, donc le caractère pouvait être assimilé à l’angoisse, s’opposaient à des vastes plages sereines et claires. Ainsi toujours fidèle à son sentiment profond, Raza cherchait à se délivrer de l’oppression de la nuit et à exalter le calme retrouvé dans la lumière du matin. »
