Parmi les œuvres acquises par le galeriste Daniel Varenne se trouve un Détail de l’artiste français d’origine polonaise Roman Opalka (1931-2011). Inscrire la trace d'un temps irréversible.
Tel peut ainsi être résumé l’œuvre d’une vie, celle de Roman Opalka commencée dans la Somme quelques années avant la Seconde Guerre mondiale.
S’il nait en France, c’est en Pologne - dans le pays de ses parents - que le jeune Roman Opalka fait ses études. D’abord de 1946 à 1948 avec une formation de lithographe à l’école de graphisme de Wałbrzych, puis à École supérieure des arts plastiques de Łódź.
Diplômé en 1956 de l’Académie des beaux-arts de Varsovie, il devient professeur d’art à la Maison de la culture jusqu’en 1960. La série des Chronomes qu’il réalise entre 1962 et 1963 sont des peintures monochromes grises entièrement recouvertes de millions de signes blancs.
Il s’agit d’une tentative de traduction plastique de la pensée uniste de Wladyslaw Strzeminski (1893-1952), grand peintre d'avant-garde polonaise qui considérait chaque centimètre carré du tableau comme une œuvre à part entière. C’est en 1965 que Roman Opalka décide d’articuler l’ensemble de sa création artistique autour de la fuite inexorable du temps.
Roman Opalka (1931-2011)
1965/1, Infini Détail 1627999-1631391, 1965
Encre sur papier
33 x 24 cm
Provenance:
- John Weber Gallery, New York
- Galerie Daniel Varenne, Genève
Estimation: 40 000 / 60 000 euros
A mi-chemin entre philosophie et arts plastiques, cette série rend palpable l'irrémédiable écoulement d'un temps qui achemine l’artiste et le monde vers leur propre fin. Sur la surface de l’œuvre proposée par PIASA et datée de 1965, les nombres compris entre 1627999 et 1631391 sont inscrits au stylo bille.
Ces innombrables toiles recouvertes de nombres sont prolongées par des photographies et des enregistrements sonores. Prises à l’instant où il termine de recouvrir la surface de ses tableaux, les photographies, comme celle vendu par PIASA en 2016 pour plus de 21 000 euros, sont des autoportraits pris sur fond blanc selon le même protocole.
