Le mercredi 8 décembre, PIASA organise une vente d’Art Moderne et Contemporain. Composée de 47 lots, cette vente présente des oeuvres se référant à des périodes clés dans la carrière des artistes, qui de fait ont pu être montrées à l’occasion d’expositions majeures, mais n’ont cependant jamais fait l’objet d'une vente aux enchères.
Après avoir suivi des études d’architecture au Chili, Roberto Matta arrive à Paris à l’âge de 22 ans et rencontre très vite les grandes figures de l’avant-garde. Il dessine dans l’atelier de Le Corbusier, puis il se forme à Londres auprès de Walter Gropius. De retour à Paris en 1937, Matta participe au vaste chantier du Pavillon de la République espagnole, aux côtés de Picasso et de Miró. L’année suivante, il rejoint le mouvement surréaliste, après avoir fait la connaissance d’André Breton par l’intermédiaire de Federico Garcia Lorca et de Salvador Dali. Il a alors l’honneur de participer en 1938 à l’Exposition international du surréalisme, où il fait la connaissance décisive de Marcel Duchamp. Matta s’est montré durant toute sa carrière marquée par son œuvre maîtresse, le Grand Verre, qui lui fait prendre conscience « qu’on peut peindre le changement ». Il crée ainsi en 1939 ses premières « Morphologues psychologiques », terme qui désigne le langage plastique inédit qu’il élabore, constitué de motifs organiques et vitaux, dont la mise en forme dans le champ pictural déstabilise nos repères visuels habituels. A New York, où Matta trouve refuge pendant la guerre, il rencontre Arshile Gorky, Robert Motherwell, et Jackson Pollock, auxquels il montre la voie d’un automatisme gestuel.
Roberto Matta (1911-2002)
Titus et Nisa, 1989
Estimation : 30 000 / 40 000 €
De retour en Europe, Matta s’installe en Italie, tout en continuant de travailler entre Rome, Paris et Londres. Il s’éloigne un temps d’André Breton qui lui reproche notamment d’avoir réintroduit ouvertement la figure humaine dans sa peinture. Or, dans ces années de l’après-guerre, il paraît essentiel pour Matta d’affirmer la place de l’homme dans son œuvre : « Nous ne sommes pas au balcon pour regarder le monde. Désormais, il faut se dire : « je suis dans le monde, je suis une dimension du monde… » La peinture doit donc contenir quatre éléments : une pierre, de la végétation, un homme et un objet fabriqué par l’homme. » A partir des années 1950-1960, Matta qui s’est rapproché du Parti communiste italien, consacre de vastes compositions aux questions politiques de son temps, qui l’engageront dans tous les combats révolutionnaires (il dénonce, entre autres horreurs, le Maccarthysme aux USA, la pratique de la torture pendant la guerre d’Algérie, les atrocités de la guerre du Vietnam…).
Lorsque sa peinture ne s’engage pas dans la réalité sociale et historique de son époque, elle se situe hors du temps et s’avère très convaincante par son fort pouvoir métaphorique. L’artiste crée des espaces énigmatiques, tactiles par les variations de couleur et de matière, peuplés d’êtres étranges, oscillant entre le primitivisme et la science-fiction. Parfois, comme ici, Matta se concentre sur plusieurs figures, pour transposer comme l’écrit Pierre Gaudibert « à travers l’imaginaire toute la mythologie de l’histoire contemporaine, tout son refus véhément du fascisme et de l’impérialisme, pour faire des peintures des cris et des armes de tous les opprimés du monde. »
Roberto Matta (1911-2002)
LLama la LLama, (Appelle la flamme), 1989
Estimation : 25 000 / 35 000 €

