COLLECTION PIERRE LOOS, DES ARTS PREMIERS AUX SOURCES DE L’ART MODERNE AFRICAIN
RÉSULTAT : PLUS DE 1.100.000 € (frais inclus) ET PRÈS DE 80% DELOTS VENDUS.
Les 17 et 18 septembre, PIASA proposait aux enchères la riche collection dePierre Loos consacrée au continent africain. En deux jours de vente, trois vacations, la première consacrée aux objets ethnographiques, la deuxième constituée de photographies de Casimir Zagourski et la troisième présentant 59 rares tableaux d’art moderne congolais réalisés entre 1929 et 1960,rassemblaient près de 700 lots. Dès ses premiers voyages au Congo, Pierre Loos prend conscience de l’importance artistique des artistes congolais de l’Ecole moderne et collectionne des œuvres restées dans l’ombre des arts premiers.L’extraordinaire ensemble qu’il a ainsi patiemment rassemblé est aujourd’hui l’un des plus importants au monde ; une partie de ses tableaux composait le noyau de l’exposition Beauté Congo présentée à la Fondation Cartier en 2014,et qui a redonné à cette création une visibilité nouvelle.
QUELQUES RÉSULTATS SIGNIFICATIFS :
Lot 20 - Deux appui-nuques perlés Arsi, Ethiopie
Bois et perles
H 20 cm environ
Estimation : 300 - 500 € - Vendu : 1 170 €
Lot 115 - Chaise en bois, Ethiopie
100 x 54 x 64 cm
(assise: 43 cm)
Estimation : 150 - 250 € - Vendu : 2 210 €
Lot 95 - Ensemble de dix appui-nuques dont un Oromo
Ethiopie Bois
Estimation : 800 - 1 200 € - Vendu : 3 250 €
Lot 292 - Deux ceintures Yet Bakuba, République Démocratique du Congo
Coquillages, cuir, tissus et perles
Estimation : 1 500- 2 000 € - Vendu : 3 900 €
PHOTOGRAPHIE : CASIMIR ZAGOURSKI
Conscient de vivre les derniers instants d’une Afrique épargnée par la modernité, Zagourski documente les peuples et leurs coutumes. Scènes de la vie quotidienne, éléments d’architecture, costumes, panaromas sont photographiés selon une méthode sérielle, la répétition et l’accumulation devenant, sous son objectif, un geste artistique. La beauté est partout : dans les coiffes, dans la nature, dans les corps et dans les regards.
501.Casimir Zagourski (1883-1944)
Coiffe Mangbetu, Congo Belge, Provinces de l’Est
Série I, 55Tirage d’époque
28,5 x 21 cm
Estimation : 2 500 - 3 000 € - Vendu : 3 380 €
L’Album à l’éléphant est la grande oeuvre de Casimir Zagourski, l’aboutissement de son travail de photographe. Soucieux de commercialiser au mieux ses photographies, il eut l’idée de les réunir dans des objets de luxe qui seraient tous différents, créés sur commande tels des éditions de prestige. Soigneusement annoté de sa main, chaque recueil est unique: les thèmes choisis, le nombre et l’ordre des photographies diffèrent d’un exemplaire à l’autre. Certains développent les coiffes et les scarifications, d’autres la vie quotidienne, d’autres encore la faune et la flore. Tous, possèdent cette fameuse couverture en cuir embossé, spécialement réalisée par un artisan, représentant une tête d’éléphant de profit. Objets d’art autant que témoignages ethnologiques, ces albums sont à la fois les rêveries d’un visiteur en Afrique et un manifeste esthétique. Les séries de visages photographiés de face ou de profil, parés ou non de bijoux, les gros plans sur les scarifications prises selon un même cadrage rapprochent Casimir Zagourski des photographes de la Nouvelle Objectivité allemande. Son album personnel, légèrement plus grand que les autres, lui servait à faire la parfaite démonstration de cette navigation harmonieuse entre souvenirs de voyages, esthétique moderne et attachement viscéral à un pays encore épargné par les affres de la modernité.
ART MODERNE AFRICAIN – CONGO 1929-1960
Le début de la période moderne de la peinture congolaise remonte aux années 1920. C’est alors que Georges Thiry, fonctionnaire colonial belge, s’étonne de la qualité artistique des décorations qui ornent les murs de certaines cases. Soucieux de leur pérennité, il décide de fournir à leurs auteurs, Djilatendo et au couple Albert et Antoinette Lubaki, des couleurs et du papier. Grâce à lui, cet art éphémère reproduit à l’aquarelle peut voyager. Lorsque Thiry rencontre Djilatendo, il est tailleur de vêtements, mais ce sont les peintures qu’il réalise sur les murs de sa case qui intéressent Thiry. Djilantendo est un artiste contemporain de son temps, tour à tour abstrait et figuratif, il puise son inspiration dans son environnement. Soit il décline en couleurs délavées les motifs de tapis du Kasaï, ou bien il représente à l’encre noire ou violette des ombres de personnages ou d’animaux. Sous domination coloniale, le personnage en pantalon bouffant dessiné sur le papier pourrait suggérer l’officier exerçant son contrôle sur les êtres de la création, persuadé qu’il a, dans son uniforme, autorité pour indiquer la marche à suivre aux animaux.
DJILATENDO
Lot 600 - Djilatendo (c. 1895 - c. 1950) Sans titre, 1929
Encre de chine et aquarelle sur papier
Signé et daté en bas à droite
51 x 76 cm
Estimation : 35 000/ 45 000€ - Vendu : 54 600 €
PILIPILI
Pilipili est le fis d’un pêcheur et travaille comme peintre en bâtiment et plombier aux Travaux Publics quand il rencontre Romain-Desfossés qui l’intègrera au Hangar après 1947. Il en sera l’un des artistes les plus talentueux. S’il applique parfois un style décoratif avec force de motifs sériels et répétitifs, les dessins de Pilipili témoignent surtout du foisonnement de la nature. Elle semble scintiller sous de fies touches de couleurs vives, minutieusement appliquées sous forme de traits, de points et de cercles qui finissent par envahir l’espace.
Lot 607 - Pilipili Mulongoy (c. 1914-2007)
Sans titre
Huile sur papier
Signé en bas à droite
32 x 45 cm
Estimation : 6 000 - 9 000 € - Vendu : 10 400 €
A l’instar d’une fable de la Fontaine, sur un continent où prévaut la tradition orale, les volets du paravent réalisé à six mains racontent les rongeurs sur le sol, la végétation luxuriante, le vol des oiseaux, l’alternance des saisons, la vie et puis la mort.
Lot 610 - Pilipili Mulongoy (c. 1914-2007), Bela (c. 1920- c. 1968) et Raphaël Kalela
Sans titre, 1952
Paravent constitué de trois feuilles
Huile sur panneaux d'Unalit (Isorel)
Dimension totale : 180 × 240 cm
Dimension de chaque feuille : 180 × 80 cm
Provenance : commande de la famille Lequime, Elisabethville, Congo Belge
Estimation : 150 000 - 200 000 € - Vendu : 238 400 €
BELA
A son arrivée au Congo au début des années 1940, Pierre Romain-Desfossés rencontre son ordonnance Bela et le surprend en train de créer, en gravant des sujets dans le bois et en peignant avec ses doigts. Il l’encouragera à perfectionner sa technique de peinture digitale. Influencé par Romain Desfossés, Bela sublime la vie aquatique et représente des scènes de chasse dans une savane aux couleurs fauves. La traque du gibier ou la compétition des hommes avec les fauves revêtent un caractère mystique. Uniquement réalisées par des applications de peinture aux doigts, sans aucun contour, les huiles de Bela parviennent avec justesse à rendre la richesse des couleurs des poissons lacustres. Ceux-ci sont autant dans leur élément dans l’eau que lorsqu’ils jaillissent dans les airs. Bela suivra Pierre Romain-Desfossés tout au long de son périple en Afrique.
Lot 629 - Bela (c. 1920 - c. 1968)
Sans Titre
Gouache Sur Panneau
Signé en bas au centre
58,5 x 79,5 cm
Estimation : 6 000 - 9 000 € - Vendu : 18 102 €
MWENZE
Mwenze est fils de tisserand. On retrouve dans son œuvre les motifs des tissus et des tapisseries traditionnels. Après avoir reçu des cours de dessin à la mission Protestante de Mwanza, il poursuit son enseignement chez les Méthodistes et se met à faire des portraits pour gagner sa vie. Quand il intègre l’atelier du Hangar, il a déjà acquis un style « académique ». Romain Desfossés l’encouragera à s’en détacher pour développer son propre style, si caractéristique de la hachure. Les traits de peinture sombre et claire alternent et font rayonner les animaux, les hommes, et les scènes mystiques ou religieuses. Mwenze nous confronte à une peinture plus sombre et plus dure. Dans des compositions tout aussi saturées de motifs et de scènes de vie, les personnages semblent contraints, les animaux pris dans une végétation envahissante de lianes qui enserrent. Non seulement le style mais aussi les sujets traités par Mwenze en font un artiste singulier.
Lot 652 - Mwenze Kibwanga (1925-1999)
Sans titre, 1957
Huile sur papier
Signé et daté en bas à droite
37 x 51 cm
Exposition : Paris, Fondation Cartier pour l’art contemporain,Beauté Congo, 1926-2015, Congo Kitoko, 11 juillet 2015-10 janvier2016, reproduit en couleur au catalogue p. 135
Estimation : 8 000 - 12 000 € - Vendu : 46 150 €