Fils du décorateur et architecte Carlo Bugatti, il se met dès son enfance à sculpter, modeler, encouragé par quelques grands artistes dont Giovanni Segantini et Paul Troubetzkoy. Il réalise sa première œuvre à l'âge de 17 ans "Rittorno dal pascolo" représentant 4 vaches l'une derrière l'autre sur le chemin du retour guidées par un paysan. Il arpente les montagnes de l'Engadine à Maloja avec son oncle Segantini et ses cousins, haut lieu de rendez-vous d'artistes et philosophes dont Nietzche, Rilke, Freud mais également Klimt et Giacometti.

Sa première sculpture offre déjà tous les éléments du style Bugatti, modelé à main libre, larges coups de pouce apportant un dynamisme fascinant au mouvement. En 1903, à l'âge de 19 ans il s'installe à Paris et rencontre par l'intermédiaire de son père adoptif René Dubois, Adrien Aurélien Hébrard qui le prend sous contrat. Il dirige la célèbre fonderie ainsi que la galerie rue Royale à Paris. Le chef d'atelier aidé par Marcello et Claude Valsuani vont réaliser ses sculptures à la cire perdue en bronze. A.A.Hébrard, à la fois collectionneur, ingénieur, chimiste, éditeur et marchand d'art, impose pour la première fois une édition originale, strictement limitée et numérotée, d'une qualité exceptionnelle. Chaque année, Hébrard expose dans sa galerie les nouvelles sculptures de l'artiste et le présente dans les salons officiels de Paris, Venise, Milan, Bruxelles, Berlin, Anvers et New York.

Totalement envoûté par le monde animal, il parcourt sans cesse le jardin des plantes mais qu'il juge trop limité. Il décide alors de s'installer à Anvers en Belgique où il se lie d'amitié avec le directeur du jardin zoologique Michel l'Hoest qui lui met un atelier à sa disposition. Pendant 15 ans, Rembrandt Bugatti va analyser, observer les animaux pour révéler, à travers sa sculpture, l'âme animale. Il va fixer dans la plastiline puis dans le plâtre, leurs mouvements, leurs corps, leurs attitudes et leurs expressions. Il conserve le modelage à main libre apportant cette touche si particulière au style de l'artiste et renforçant l'expressionnisme de ces figures. Une réflexion nous vient quant au choix de ces sujets animaliers ; en effet il libère d'une certaine manière sa propre âme animale et révèle parfois dans sa sculpture leur humanité. Nous avons la chance et l'honneur de présenter à travers cette collection, deux sujets, le premier animal avec cette lionne dévorant et le second humain représentant une femme nue se coiffant (lot 5). Le sujet de la lionne dévorant (lot 4) qui touche à l'instinct animal par excellence où contrairement à l'être humain qui est capable de marquer un temps et une distance avec la nourriture (chose qui n'est certes pas donnée à tout le monde), l'animal, lui, dévore sans attendre. Et dans cet instant fatidique, faisant suite à la capture par la lionne de sa proie, le traitement de l'artiste et son réalisme mettent en lumière sa propre animalité.
Lot 4 | Rembrandt Bugatti
Lionne dévorant, circa 1904
Estimation: 200 000 / 300 000€
La seconde sculpture de cette femme nue se coiffant, d'une grande sensualité, anime notre propre désir apportant également une autre dimension de notre part animale. Les sujets humains sont rares et passionnants dans l'œuvre de l'artiste et permettent de mieux aborder le traitement du corps. Bien évidemment il ne s'agit en aucun cas d'une étude morphologique mais de révéler l'âme animale et humaine et de rendre compte de leur si grande proximité.
Lot 5 | Rembrandt Bugatti
Femme nue assise se coiffant, 1906
Estimation: 100 000 / 150 000€

