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Quand les femmes redessinent l’abstraction géométrique

16 mai 2025

L’art géométrique abstrait, souvent perçu comme un territoire de rigueur mathématique et de sobriété formelle, a pourtant été marqué en profondeur par de nombreuses femmes artistes qui ont su s’approprier ses codes tout en y insufflant une dimension sensible, poétique ou intuitive. Loin d’être en marge du mouvement, ces créatrices ont été des actrices essentielles de son évolution, à travers des pratiques exigeantes et des recherches formelles originales. Elles ont souvent dû faire face à un double défi : celui d’exister dans un milieu artistique largement masculin, et celui de se faire reconnaître dans un courant esthétique perçu comme « froid » ou « rationnel ».

Pourtant, par leur engagement constant, leur inventivité et leur capacité à explorer la rigueur formelle comme un terrain d’expression personnelle, elles ont contribué à renouveler en profondeur la manière dont on perçoit l’abstraction géométrique. Leur travail révèle une grande variété d’approches : certaines ont choisi l’austérité et la précision mathématique, d’autres y ont introduit des éléments sensibles, corporels ou émotionnels. Ensemble, elles ont déplacé les lignes et enrichi ce courant d’une profondeur nouvelle.

Parmi elles, Aurélie Nemours (1910-2005) (lots 54 à 60) occupe une place centrale. Son œuvre, empreinte de spiritualité, repose sur un vocabulaire de formes simples — carrés, lignes, couleurs pures — qu’elle agence avec une précision quasi mystique. Sa quête d’harmonie universelle passe par une ascèse plastique, une réduction progressive vers l’essentiel.

56

ƒ Aurélie Nemours (1910-2005)

Sur le cercle, 1950

Estimation
40 000 / 60 000 €

Vera Molnár (1924-2023) (lots 61 à 66) est l’une des premières artistes à avoir introduit l’ordinateur dans le processus de création. Son approche algorithmique de la composition, qu’elle qualifie de « machine imaginaire », interroge la répétition, le hasard contrôlé et les dérèglements subtils du système. Elle a su faire dialoguer rigueur géométrique et aléatoire, science et intuition, dans une œuvre pionnière de l’art génératif.

63

ƒ Vera Molnár (1924-2023)

Saccadés avec ponts (1 & 2), 1972 / 2008-2009

Estimation
20 000 / 30 000 €

Ode Bertrand (née en 1930) (lots 67 à 68) s’inscrit dans une tradition plus méditative. Ancienne danseuse classique, elle transpose dans sa peinture le sens du rythme et du mouvement. Par des tracés délicats, souvent inspirés du nombre d’or, elle construit des trames et des signes qui échappent à la rigidité purement mathématique pour toucher à une forme de vibration intérieure.

67

ƒ Ode Bertrand (née en 1930)

Ahura 14, 2007

Estimation
4 000 / 6 000 €

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ART MODERNE ET CONTEMPORAIN

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