Depuis plusieurs années, l’art contemporain africain est à l’honneur à Paris, preuve en est la quantité d’expositions publiques et de foires dédiées. L’annonce par le Président de la République de la saison AFRICA 2020, placée sous la houlette de la Commissaire d’exposition Ngone Fall, augure d’une volonté d’engager l’ensemble du territoire dans un partenariat renouvelé avec l’Afrique, continent « multiple, fort et pluriel où se joue une partie de notre avenir commun ».
Avec cette neuvième vente aux enchères, PIASA présente une nouvelle fois les oeuvres d’artistes du Continent ou issus de la Diaspora qui eux aussi font, selon les termes de l’appel à projets d’AFRICA 2020 : « Une invitation à regarder et comprendre le monde d’un point de vue africain. » Cette vente offre l’occasion de mettre en lumière quelques thèmes récurrents dans leurs propositions.
A l’heure du débat sur les restitutions, on remarque l’importance accordée à l’art classique africain dans les œuvres contemporaines. Dans les masques de Calixte Dakpogan et de Julien Vignikin, dans les œuvres de jeunesse d’Aboudia, les papiers de Steve Bandoma, la femme glamour de Wole Lagunju, ou les selfies d’Henri Mzili, le statuaire traditionnel africain, qui a acquis différents statuts successifs depuis la colonisation, poursuit son itinérance dans l’imaginaire collectif pour s’inscrire dans la contemporanéité.

Lot 47 - Chéri Samba (né en 1956, République Démocratique du Congo)
Prix Nobel de l'Amour, 2004
Huile sur toile
Signée et datée en bas à droite
Titrée en bas à gauche
115 x 145 cm
Estimation : 30 000 - 50 000 €
Contexte international oblige, on notera les hommages nombreux à la nature. En Ouganda, dans les travaux de Sanaa Gateja, le roi des perles de papier qui réalise d’immenses tentures végétales, et de Joseph Ntensibé qui dépent de façon kaléidoscopique un idéal de paradis sur terre, une forêt ancestrale avec ses habitants.
On remarquera l’importance et l’influence de Chéri Samba dont plusieurs toiles majeures sont proposées. Il est non seulement le père des peintres populaires, mais aussi le précurseur de la peinture figurative expressionniste et narrative auprès de toute une génération d’artistes.
Enfin, dans le foisonnement dans la scène africaine qui constitue aujourd’hui un marché des plus florissants, se dégage l’aptitude des artistes à proposer une nouvelle historiographie de l’histoire de l’art. Les scènes mythologiques de Médéric Turay et les personnages bibliques de Marc Padeux sont parés d’attributs africains et ont la peau foncée. Le cardinal d’Arim Andrew a la tête du roi des animaux, le Pharaon de Richard Onyango est résolument africain. Les masques africains de Tsham semblent tirer leurs volumes du cubisme, et non l’inverse !
Christophe Person