Révélé au grand public par le publicitaire et collectionneur Charles Saatchi dans les années 1990, Damien Hirst s’est imposé comme le plus célèbre des « Young British Artists ». Après avoir fait des études au au Goldsmith College of art, il a sa première exposition personnelle en 1991 (In and Out of Love) et, en 1995, est nommé lauréat du Turner Prize. Sa fascination pour la mort, qui remonte aux années où il travaillait dans une morgue pour financer ses études, s’exprime dans son œuvre par la place majeure qu’il accorde aux thèmes des Memento mori et des Vanitas vanitatum. D’une réalisation à l’autre, Hirst dialogue avec la mort sur un ton qui oscille entre l’humour, le sulfureux, l’outrancier, l’irrévérencieux. Après ses célèbres découpes de requins (Death explained) ou de vaches conservées dans des grandes vitrines remplies de formol (les premières datant des années 1990), Hirst a de nouveau fait scandale avec For the Love of God (2008), copie en platine d'un crâne humain datant du XVIIIe siècle, recouverte de 8 601 diamants. Cette vanité contemporaine, vendue 100 millions de dollars, est devenue l’œuvre « la plus chère jamais vendue réalisée par un artiste vivant ». En bon trublion du marché de l’art, Hirst a su pousser à son paroxysme la leçon de la marchandise et du succès warholien dont il est aujourd’hui un des plus grands héritiers.
Lot 85 - Damien Hirst (né en 1965)
Beautiful Apocatequil narcissism painting, 2012
Technique mixte sur toile
Signée doublement, porte le cachet de l'artiste, datée et titrée au dos
Pièce unique
213 x 213 cm
Hirst a notamment exploré la rhétorique des Memento mori à travers la série des Beautiful mars cathexis painting, dans laquelle le motif du crâne surgit au centre d’une véritable explosion chromatique. L’artiste recourt au spin painting, procédé pictural qui utilise la force centrifuge pour répartir la peinture sur son support. En employant cette technique, il confère une dimension performative à l’œuvre, puisque la répartition des couleurs est livrée au hasard (faut-il y voir un clin d’œil au dripping de Pollock ?). Il apprécie également ce procédé pour son caractère neutre, où toute expression de la subjectivité de l’artiste est bannie. Ainsi, Damien Hirst a eu un grand plaisir à partager l’exécution de ses spin paintings avec des proches, de David Bowie aux enfants dans les écoles : « J’aime faire des spin paintings avec les enfants. J'ai une machine à spin que j’ai amenée à l'école de mes enfants pour que tout le monde puisse en profiter. Le plaisir qu’ils ont de participer à la création d’une œuvre d’art les valorise, tandis que le fait de participer à l’élaboration d’un tableau dont ils ignorent le résultat final est très étonnant. Ils immortalisent un sentiment, ils ressentent une palette d’émotions, un bonheur fugace et coloré qui laissent comme des traces dans le temps, comme des empreintes de pas dans la neige.» (Damien Hirst).
Avec Beautiful Apocatequil narcissism painting (2012), Hirst explore avec une grande dextérité latechnique du spin painting : il joue du contraste existant entre l’explosion débridée de la peinture et lecaractère morbide, voir menaçant, du crâne. Tout en ayant valeur d’exorcisme, cette réalisation rappelle,sur fond coloré et joyeux, que la mort rôde derrière toute beauté.

