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Peter Klasen : La représentation de l'ordinaire

1 juin 2021

À l’occasion de la vente aux enchères d'Art Moderne et Contemporain du 3 juin 2021, PIASA présente deux pièces emblématiques de Peter Klasen, représentatives de son attrait pour l'ordinaire des objets du quotidien. 

Après avoir fréquenté en 1955 la Haute Ecole de Berlin, Peter Klasen s’installe à Paris en 1959. Il y fait la rencontre d'Hervé Télémaque qui lui présente le marchand Mathias Fels. En 1964, Peter Klasen participe à l’exposition « Mythologies quotidiennes » au Musée d’Art moderne de la ville de Paris qui marque la naissance de la Figuration narrative dont il est aujourd’hui une des figures protagoniste. Il met en place un vocabulaire froid et lisse grâce à la technique de l’aérographe qui lui permet de transcrire en peinture le caractère photographique de ses approches.

En conflit avec la modernité, effrayé par le déploiement du gigantisme technicien, Peter Klasen dénonce les dérives de la société de consommation en faisant cohabiter dans ses toiles des objets de vie courante, utilitaires ou machiniques, avec des fragments de corps humain : c’est la période des tableaux binaires. Ils seront présentés lors de la première exposition institutionnelle de l’artiste, intitulée « Ensembles et Accessoires », qui se tient à l’ARC (Musée d’Art moderne de la ville de Paris), sous la responsabilité de Suzanne Pagé et Pierre Gaudibert. Peter Klasen y montre une installation sur le thème du corps et du sanitaire, avec des ustensiles chirurgicaux, des bidets, des tuyaux, certains objets rehaussés de néon, et des toiles représentant notamment des baignoires, des W.C. à échelle réelle. Notre tableau, Salle de bain (1972), d’une grande radicalité stylistique, s’inscrit dans le droit fil de ces œuvres : il a pour sujet la représentation d’un objet ordinaire, en l’occurrence une robinetterie qui occupe toute la toile et se détache sur un fond neutre.


Peter Klasen (né en 1935)
Salle de bain, 1972
Estimation : 30 000 - 50 000 €


L’objet est peint avec une précision photographique, voire chirurgicale. Malgré cette objectivité, l’ensemble n’est pas dépourvu d’ambivalence : une certaine angoisse se dégage de l’enroulement du flexible de douche, que renforce la dureté et froideur clinicienne de l’objet métallique peint. Suzanne Pagé a bien décrit le climat d’étrangeté que dégagent ces tableaux du début des années 1970 : « Vivant à Paris depuis plus de dix ans, il (Peter Klasen) n’a cependant été intégré ni aux « Nouveaux Réalistes », ni aux « Objecteurs », ni à la « Nouvelle Figuration ». C’est plutôt dans les courants figuratifs allemands de la Seconde après-guerre qu’il faudrait le situer, celui de la « Nouvelle Objectivité », du « Réalisme Magique », dont il partage le goût pour les mécaniques froides et lisses, fortement sexualisées et jamais innocentes, sous leur apparente rigueur clinique. Parti de l’image éclatée en multiples segments, syncopes poétiques, son propos se resserre désormais autour d’un objet unique répété ou de deux ou trois objets-signes clairement ordonnés dans une structure géométrique impeccable et nue. »


Peter Klasen (né en 1935)
Manette camion fond clair, 1978
Estimation : 15 000 - 25 000 €


Vente associée

Art Moderne et Contemporain

Paris jeudi 3 juin 18:00 Voir les lots

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