Faire ressortir la beauté des objets du quotidien que l’habitude a progressivement rendus invisibles. Telle semble être l’ambition du peintre et sculpteur grec Dionyssopoulos Pavlos.
À 19 ans, Pavlos réussit le concours d'entrée de l'école de Beaux-Arts de Paris, ville dans laquelle il peut s’installer grâce à plusieurs bourses qu’il obtient. Ce Paris des années 1950 est alors celui des Nouveaux réalistes. Il y fréquente les sculpteurs Alexander Calder (1898-1976), Alberto Giacometti et César (1921-1998), ainsi que le célèbre historien de l’art et critique Pierre Restany (1930-2003) qu’il rencontrera au salon des Réalités Nouvelles en 1963.
Dans l’atelier de la rue Vaugirard qui jouxte celui de Jean Dubuffet (1901-1985), il s’éloigne progressivement de la peinture et commence un travail avec du papier d’affiches massicotées. Guidé par les potentialités plastiques de ce matériau, Pavlos élabore ainsi un vocabulaire formel tout à fait singulier.
Pavlos (Pavlos Dionyssopoulos dit) (1930-2019)
Baroque, 2/1966
Résultat: 80 600 €
L'oeuvre intitulé "Baroque 2/1966" vendue par PIASA en 2019, est le témoin des recherches plastiques qu’il entreprit à cette époque. Puisant avec facétie dans le vocabulaire iconographique de la peinture classique, l’artiste découpe de fines bandes de papier journal de différentes couleurs qu’il assemble en composition abstraite. Les formes quasi-organiques de ce type d’œuvre convoquent l’attention du spectateur pour infléchir le rapport qu’il entretien avec un réel rendu, pour le moins, étrange.
À distinguer de l’affichisme dont elle s’inspire néanmoins, cette technique du papier massicoté était déjà présente dans Bottins téléphoniques, une œuvre réalisée en 1964 et vendue par PIASA en novembre 2016.
Pavlos (Pavlos Dionyssopoulos dit) (1930-2019)
Bottins téléphoniques, 1964
Résultat : 38 640 €
Les compositions abstraites de Pavlos font cependant progressivement place à une iconographie composée d’objets du quotidien, de vêtements et d’accessoires.
A la frontière du Pop Art, l’œuvre de Pavlos rencontre un certain succès lors de sa première présentation américaine, à la Fischbach Gallery à New-York en 1967. Le début des années 1970 est marqué par une série d’installations en papier, dont un ensemble de 26 arbres (La Forêt), présentées dans le cadre de la première rétrospective de l’artiste à Hanovre.
Pavlos (Pavlos Dionyssopoulos dit) (1930-2019)
Cyprès, 1991
Résultat : 13 524 €
Électron libre, Pavlos fut un artisan du rapprochement entre l’art et la vie, l’œuvre et son public. Contempteur d’une culture momifiant l’art, il ambitionne d’infléchir le regard du spectateur afin de faire émerger à sa conscience un monde nouveau.
