Ce Nu couché (circa 1892) de Renoir présenté à l'occasion de la vente d'Art Moderne et Contemporain du mercredi 22 mai, motif de prédilection de l’artiste, fut exécuté à une période où il retrouve dans sa peinture sa plénitude d’antan. La figure se présente vue de dos dans une attitude souple et voluptueuse : l’arrondi souligné de la hanche se prolonge dans le dessein de la poitrine et celui du bras en un mouvement général qui enroule la tête. Le corps devient ainsi une sorte d’entité presque abstraite, prétexte à un morceau de bravoure pictural. Les modèles de Renoir dans les années 1890 étaient souvent, selon le critique d’art Gustave Geffroy, de « petits êtres instinctifs, à la fois enfants et femmes ». Ils cèderont plus tard la place aux nus plantureux hérités de Rubens et de Titien. Ici, Renoir rompt avec la période ingriste des années 1880, qui correspond à une phase d’ascèse picturale, où la ligne circonscrit nettement le contour du corps, et que l’artiste qualifiera lui même de période « aigre ».
Lot 3 - Pierre-Auguste Renoir (1841-1919)
Nu couché, circa 1892
Huile sur toile
Signée en bas à gauche
20 x 25.5 cm
Estimation : 80 000 - 120 000 €
Comme le montre notre Nu couché, Renoir, tout en conservant une certaine fluidité de la ligne, redonne au corps sa plénitude. Peint dans des tonalités nacrées et douces, il se détache du fond sans rupture, comme s’il baignait dans une sorte de « sfumato ». Le drapé blanc renforce la luminosité et la fraicheur de la chair. On remarque le mouvement tourbillonnant et vibrant des touches du pinceau qui accompagne les courbures du corps dans des tonalités raffinées, avec des nuances très subtiles de vert-bleu et violet tirant vers le rose.
Ainsi, ce petit format de Renoir illustre parfaitement son évolution vers un style pictural plus généreux, où le vieux maître s’épanouit totalement dans l’expression de son amour du corps féminin.
