Figure de proue des Young British Artists (YBA) dans les années 1990, Damien Hirst a aujourd’hui atteint le statut de vedette internationale dans l’art contemporain. Son œuvre gravite souvent autour des thèmes de la science, de la mort et de la religion, mêlant mysticisme, morbidité, et couleurs vives. Le crâne est un sujet de prédilection pour l’artiste, qui le décline depuis des années dans des variations ironiques et pleines d’humour. Ces dix crânes multicolores et rehaussés d’argent présentée à l’occasion de notre vente Editions du mercredi 26 juin 2019 ont été produits en 50 exemplaires chacun ; c’est aujourd’hui une occasion unique de les voir réunis en un seul portfolio complet.
Lot 167 - Damien Hirst (né en 1965)
Till Death Do Us Part - The complete suit of 10 screeprint - 2012
10 screeprint in colors with Foil Block on Somerset Satin paper, each print signed and numbered 32/50
52 x 37 cm full page - All framed
Résultat : 52 000 €
L’emploi de la sérigraphie est ici intimement lié au thème des vanités évoqué par Hirst ; la technique sérielle fait écho à la nature transitoire de l’existence. L’artiste fait référence sans ambiguïté au memento mori représenté dans l’art antique, médiéval et baroque, un sujet qui traverse les siècles et les genres. La répétition d’une même image macabre fait allusion surtout à la série des Skulls d’Andy Warhol, et place le thème de la mort dans le même registre quotidien que les canettes de soupe Campbell. Le titre utilisé, ‘Jusqu’à ce que la mort nous sépare’, évoque davantage l’amour d’un couple de jeunes mariés que l’inévitabilité de la mort dans l’imaginaire collectif. Ici, Hirst renverse cette perception pour créer de l’ironie par le contraste. Les couleurs vives rehaussées d’argent de ce crâne qui sourit à pleines dents contredisent son aspect macabre. Cette réciprocité de la mort et de la beauté est chère à Damien Hirst, comme en témoignent ses Kaleidoscopes, où des milliers de papillons morts sont arrangés de manière à former des rosaces multicolores.
« J’ai une obsession de la mort » dit l’artiste. « Mais je crois que c’est une célébration de la vie plutôt que quelque chose de morbide. » C’est cette dualité qui est représentée dans le portfolio qui sera mis en vente par PIASA ; les termes choisis pour décrire les couleurs employées dans chaque version accentuent ce contraste : “Heaven Lemon Yellow Pigment Pink Chilli Red Pop Skull”, “Time Bright Orange African Gold Emerald Green Pop Up Skull”, “Heavenly Peppermint Green Silver Gloss Racing Green Skull”… Hirst associe à la mort une esthétique pop-art joyeuse, et lui confère une sorte de banalité à travers la répétition. On retrouve ce rapport dénaturé dans ses sculptures d’animaux morts et découpés dans du formol, ses crânes sertis de diamants, et ses étagères de médicaments : la mort, au fond, est une plaisanterie macabre. Ce très rare portfolio illustre parfaitement l’esprit espiègle et punk-rock de Damien Hirst, dont les œuvres provocantes connaissent un succès retentissant auprès du public.
