Né à Honfleur, le jeune Eugène Boudin ouvre à l’âge de vingt ans une boutique de papeterie au Havre. Sa fréquentation par de nombreux artistes, parmi lesquels Couture et Millet, incite Boudin à pratiquer le dessin. Encouragé par son entourage à poursuivre dans cette voie, il se rend à Paris pour étudier la peinture auprès d’Eugène Isabey et comme copiste au Louvre. A partir de 1855, il décide se consacrer pleinement à la peinture de plein-air et partage sa vie entre Paris, le Havre, Honfleur et la Bretagne. Charles Baudelaire, qui découvre l’œuvre de Boudin en 1859, est impressionné par la qualité d’exécution de ses ciels au pastel, dont il dira dans un compte-rendu de Salon que se « sont des morceaux de paysage pur ». C’est aussi l’époque où Boudin entraîne dans son sillage à Honfleur le jeune Monet et Jongkind, peintres sur lesquels il exercera une influence déterminante. Les paysages marins retiennent particulièrement Boudin qui concentre son attention sur l’étude de la lumière : « Bien observer et tirer de la nature tout ce qu’il est possible d’en tirer. La lumière surtout ! Chercher son rayonnement, la fulguration, la condenser, la poursuivre dans sa chaleur » note-t-il dans son carnet en 1887.
Lot 5 - Eugène Boudin (1824-1898)
Etaples. Sortie des barques de pêche, 1890
Huile sur toile
Signée et datée en bas à gauche "90"
41 x 55 cm
Estimation : 50 000 - 70 000 €
Au fur et à mesure des années, la peinture de Boudin gagne en légèreté, l’expression de la lumière devient quasi translucide, donne lieu à des nuances de gris, gris-bleu, gris-violet et de blanc, comme en témoigne notre tableau, Etaples, présenté à l'occasion de la vente d'Art Moderne et Contemporain du mercredi 22 mai. Sortie des barques de pêche (1890). On voit également dans le traitement des vagues comme sa manière devient plus enlevée, pour atteindre parfois jusqu’à une certaine dissolution des formes. À l’inverse, certains petits détails comme les barques, les silhouettes lointaines des pêcheurs sont traitées de manière très alerte et fine, avec des accents vibrants. Le talent de Boudin indiquera la voie à suivre aux jeunes impressionnistes qui l’inviteront à leur première exposition en 1874. Durand-Ruel, qui deviendra son marchand, lui consacrera avec succès sa première exposition en 1883. Dans les dernières années de sa vie, la production de Boudin se concentrera sur les marines, et l’artiste fréquentera les petits ports tels que Etaples, Fécamps, Trouville, où il se plaira à observer, outre les infinies transformations des ciels et de la mer, les navires de commerce et l’activité des pêcheurs.
