Naturalisé français après la Seconde guerre Mondiale, Mathieu Matégot naît en 1910à Budapest. Tout au long de sa carrière, l’influence de ces deux cultures a su apporter à son travail originalité et renouveau artistique dans une société en pleine mutation.
L’école des Beaux Arts de Budapest, bercée dans les années 1920 par les apports esthétiques du Constructivisme russe, de l’Expressionnisme allemand ou des préceptes du Bauhaus, permit à Matégot de côtoyer des icônes de l’histoire de l’art tels que Vasarely.
La période sensible de l’entre deux guerres, encouragea les échanges culturels en Europe.C’est naturellement qu’en 1931 Matégot se vit déménager à Paris, berceau des années folles. Il fut embauché d’abord comme créateur de décors aux Folies Bergères, puis comme étalagiste aux Galeries Lafayette. Il est fort probable que l’artiste ait puisé son inspiration dans les farandoles de couleurs, matières et styles du ‘department store’,symbole de la modernité, pour élaborer son style si reconnaissable.
Tapisserie d'Aubusson
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C’est en 1933 qu’il décida de former son propre atelier où furent créés ses premiers meubles. La seconde guerre mondiale mit cependant un frein à son élan de création, et l’artiste fut prisonnier près d’Hambourg jusqu’à la Libération. Curieux des nouveaux matériaux en vogue, Mathieu Matégot se remit à expérimenter la matière, en particulier le métal perforé, à l’origine de ses pièces les plus emblématiques. Néanmoins, une passion pour la peinture l’encouragea à découvrir davantage de mediums. Il s’adonna entre autres à la tapisserie, et sa rencontre avec Jean Lurçat, figure de cette discipline, lui permit de collaborer avec des maisons de renom comme les ateliers Tabard à Aubusson.
L’artiste fut exposé à partir de 1952 dans la galerie La Demeure, fondée en 1950 par Denise Morel, qui s’appliquait à représenter l’art textile du XX° siècle. Aussi présent dans de nombreuses expositions internationales comme le Salon des Artistes Décorateurs,l’Exposition internationale de la Tapisserie de Madrid ou encore la Triennale de Milan, il put jouir d’une visibilité internationale.
Cosmorama
Tapisserie d'Aubusson
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A partir de 1959, Matégot mit un terme à sa production de mobilier pour se consacrer essentiellement à la tapisserie. Il put ainsi répondre à diverses commandes dontplusieurs pour l’Etat, mais aussi en 1963 pour la Maison de la Radio et le DrugstorePublicis. Pour conclure un cycle artistique riche, il inaugure sa dernière exposition en1971, toujours au sein de la galerie La Demeure.
Connu principalement pour son mobilier en métal, qui donnait suite au Modernisme et aux besoins fonctionnels de la société, Mathieu Matégot a pourtant terminé sa carrière concentré sur un art principalement contemplatif doté d’un certain lyrisme opposé aux mutations technologiques et sociétales de son temps. Il s’éteignit en 2001 à l’âge de 90 ans, après avoir traversé un siècle et su répondre à des demandes pratiques et esthétiques d’une société changeante.
Mathieu Matégot stoppe peu à peu sa création de mobiliers et d’objets à partir de1959 pour se consacrer à l’autre passion de sa vie l’abstraction - souvent lyrique - qui le guidera grâce à sa rencontre avec le Maitre lissier d’Aubusson François Tabard vers le monde de la tapisserie.
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Edition Manufactura de Tapecarias de Portalegre
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Fidèle à Denise Majorel et à La Demeure il s’impose rapidement comme l’un des principaux acteurs d’un art qui connait son apogée dans les années 1960.
La tapisserie est un espace de liberté qui permet de jeter un pont entre deux rives :celle d’une époque médiévale ou la tapisserie accompagnait naturellement ses contemporains et celui flambloyant, fulgurant, lyrique, l’équivalent pictural du FreeJazz : l’art abstrait.
L’art de Matégot est une explosion, des couleurs vives, primaires, primales, menacées malgré tout par les ténèbres, un « outre-noir » qui sculpte la composition et dont la lumière en retour s’efforcerait « de traverser la laine ».


