Diplômé de l’institut des beaux-arts de l’université de Douala (IBA), le jeune artiste camerounais Marc Padeu est parvenu en quelques années à s’imposer dans le paysage, de plus en plus dynamique, de l’art contemporain africain.
Les toiles de Marc Padeu sont un pont tendu de part et d’autre de la Méditerranée. Tandis que les modèles qui peuplent ses compositions semblent être issus de la modernité africaine, les scènes représentées font directement référence aux tableaux religieux de la Renaissance italienne.
Marc Padeu (né en 1990, Cameroun)
Vierge bleue, 2018
Assise au sommet d’une structure pyramidale, La Vierge bleue (2018) a été réalisé à l’aide d’acrylique et de paillettes. Aux pieds de la vierge, les facettes des visages anguleux rappellent les statuettes en bois, considérées depuis la fin du XIXe siècle comme de véritables chefs d’œuvre de l’art classique africain. Le fond sur lequel la personne centrale apparait renvoie, quant à lui aux couleurs vives des tapis ou autres tentures traditionnels
Marc Padeu (né en 1990, Cameroun)
Annonciation, 2018
On les retrouve également dans le fond du diptyque Annonciation. Dans cette toile, la bigarrure chromatique s’oppose à l’harmonie des camaïeux de bleu que l’on distingue dans l’encadrement de la fenêtre. La topographie montagneuse qui y apparaît est une référence directe aux paysages peints dans les arrières plans du célèbre artiste hollandais Joachim Patinir (1483-1524).
Prolongeant les innombrables occurrences qu’en proposa la peinture italienne, la scène néotestamentaire se déroule au premier plan dans un intérieur. Les drapés enveloppant la vierge et la table basse sont des emblèmes manifestant la culture de l’artiste qui vit et travaille toujours dans son Cameroun natal.
Marc Padeu (né en 1990, Cameroun)
The king is dead, 2019
Lors de la dernière vacation dédiée à l’art contemporain africain, Marc Padeu était représenté par plusieurs œuvres dont The king is dead et Voici l'homme ! qui ont respectivement vu les enchères s’envoler.
Marc Padeu (né en 1990, Cameroun)
Voici l'homme !, 2019
Avec ce système de détournement et de clins d’œil à l’iconographie européenne, Marc Padeu interroge la complexité des relations que l’Occident entretien avec l’Afrique. De ce point de vue, les scènes bibliques qu’il réinvestie constituent un écho à l’actualité d’un continent régulièrement plongé dans l’obscurité de la violence, qu’elle soit étatique ou terroriste.
Depuis quelques années ses œuvres ont intégré la collection permanente de la World Bank à Washington, mais également d’importantes collections privées de ce côté-ci de l'Atlantique.



