La douce radicalité de Riccardo Dalisi et d’Alessio Sarri
Deux collections, venues du fond Riccardo Dalisi, décédé en 2022 et de l’atelier de l’éditeur et céramiste Alessio Sarri, illustrent la radicalité poétique qui irradie le monde de l’art et du design italien dès la fin des années 1960.
L'Italie a été pour l’architecture et le design en Europe dans les années 60 et 70 ce que la France et l’Allemagne ont été pour les années 30 : l’épicentre d’un foyer de création qui a marqué l’histoire de l’art contemporain. A ceci près que les artistes transalpins ont opposé à la rigueur fonctionnaliste franco-germanique, une radicalité héritée d’une forme de Sprezzatura, une désinvolture presque nonchalante, non dénuée d’humour mais surtout extrêmement travaillée. Riccardo Dalisi, s’il est moins célèbre en France que certains de ses compatriotes, ce sont pourtant ses créations qui illustrent le mieux les principes de “Global Tools”, l’école de contre-design qu’il a fondée avec, excusez du peu Ettore Sottsass Jr., Alessandro Mendini, Andrea Branzi, Remo Buti, Ugo La Pietra, Franco Raggi, Davide Mosconi, ainsi que les membres des groupes Archizoom, 9999, Superstudio, UFO and Ziggurat.
Leur but, “Valoriser les techniques pauvres, l'artisanat et questionner la société consumériste, dont les propositions traduisent les préoccupations de l'époque post-révolution de 1968” (Global Tools (1973-1975) – Éco-Design : Dé-projet & Low-Tech, Nathalie Bruyère, Catherine Geel, Victor Petit, édition Nathalie Bruyère, 2023). Pour les Italiens il reste celui qui leur a offert l’une de leur plus belles cafetières napolitaines, éditée en 1981 par Alessi et dont il réalise plus de deux cents modèles entre 1979 et 1987, (Caffetiera In-Divisa, 1985, 7000 / 9 000 €). Parmi ses pièces les moins connues et les plus expressives, deux panneaux en mosaïques (1990, 20 000 / 30 000€) ou les sculptures de la série Ultrapoverisimo (Souris et Cheval, 2004, 5 000 / 7 000€).
Ettore Sottsass, son compagnon de l’aventure Global Tools, a lui, pu compter sur le céramiste Alessio Sarri pour réaliser certains de ses projets. S’il est aussi créateur (Petra, Virginia, Dorotea et Masada, Collection Mud Stars, 500 / 700€ et 400 / 600€), Alessio Sarri reste celui qui a accompagné et édité les céramiques dessinés par les figures du mouvement post-moderne Memphis dès 1981 et la première exposition du groupe à la galerie milanaise Arc ‘74 gallery. Le designer Matteo Thun y montre ses premières céramiques mises en forme par Sarri qui fonde dans la foulée Alessio Sarri Ceramiche. Il enchaîne les collaborations avec le designer (plus de trente pièces sont présentées à la vente dont Totem, 2015 , 2 000 / 3 000 €).
Nathalie du Pasquier se prête aussi au jeu et commence dès lors à dessiner ses modèles (Da Mettere al posto della televisione, schermo vuoto da riempire con quello che si vuole, grès chamotté émaillé, Collection Raw-Less, 1/7, 4 000 / 6 000 €) tout comme Georges Sowden (B.W.R.Y, Collection Raw-Less, plat en céramique émaillée, édition de 7 exemplaires, 1 500 / 2 000 €).
Ettore Sottsass n’est pas en reste et consacre une bonne partie de son œuvre à la céramique (Persepoli, Collection Antiche Ceramiche, vase-sculpture en céramique, édition de 24 exemplaires + 2 épreuves H.C. 1989, 4 000 / 6 000 € ou Fruttiera con manici, Collection Tendentse, coupe en céramique partiellement émaillée, édition + 9 épreuves H.C. 1984, 1 500 / 2 000€). Alessio Sarri travaille parallèlement avec d’autres grands noms du design contemporains qu’ils se nomment Johanna Grawunder (San Diego Freeway, Collection Raw-Less, vase en grès chamotté et trois plaques en Plexiglas, édition de 7 exemplaires, prototype 1 500 / 2 000 €), Jasper Morrison (Bird Table, table en terre cuite, édition de 9 exemplaires + 2 épreuves H.C.1991, 800 / 1 200 €) ou Franco Raggi (Io-Vaso, Collection Raw-Less, Sculpture-vase en porcelaine émaillée, 1/7, 2018, 2 000 / 3 000 €).