La maison PIASA organise le mercredi 7 décembre une vente d’art moderne et contemporain.
J’ai aimé, pour ces paysages, à brouiller l’échelle, de manière qu’il soit incertain si le tableau représente une vaste étendue de montagnes ou une minuscule parcelle de terrain. Certains sont purement physiques ; ils évoquent des lieux, des sols, des sous-sols parfois, d’une manière très concrète et exempte de toute divagation mentale… Mais l’affaire, dans la suite, s’est quelquefois compliquée…
Les expérimentations (très nombreuses) que je faisais à propos de ces peintures ont parfois abouti à des aspects bizarres, où le faux se mêlait au vrai, où le paysage prenait un air absurde évoquant, plutôt qu’un lieu réel ou de la vraie matière naturelle, quelque sorte de création avortée ou inachevée…

Jean Dubuffet (1901-1985)
Paysage tavelé aux arbres, 1954
Estimations : 120000 / 150000 €
Au très concret se mêlait alors dans le même tableau le très aberrant, maintes formes apparaissant dont le caractère est ambigu. Elles peuvent en effet frapper le regardeur de la peinture, soit comme représentant des reliefs ou accidents du terrain, soit comme figurant des êtres vivants (vivants d’une vie singulière, à mi-chemin entre l’existence et la nonexistence, entre le réel et l’imaginaire, à mi-chemin entre l’appartenance aux lieux objectivement représentés dans le tableau ou au seul monde mental du peintre).
Jean Dubuffet, catalogue de l’exposition, Les gens sont bien plus beaux qu'ils croient. Vive leur vraie figure. Portraits., Galerie René Drouin, 1947