Parmi les artistes mis en lumière par la vente du département art contemporain africain de PIASA le jeudi 7 novembre 2019, Ibou Diouf a été le témoin et l’un des acteurs incontournables de l’émergence d’une scène artistique sénégalaise indépendante.
En 1960, à l’âge de 19 ans, Ibou Diouf intègre l’École des Beaux-Arts que le Sénégal, indépendant depuis peu, vient d’inaugurer. Six ans plus tard, le premier Festival Mondial des Arts Nègres remarque ses œuvres et en utilise une pour son affiche. L’artiste attire l’attention de l’écrivain Léopold Sédar Senghor.
L’œuvre d’Ibou Diouf se distingue par sa transdisciplinarité. En plus de sa peinture, il travaille en tant que cartonnier pour la Manufacture de tapisseries de Thiès puis costumier et décorateur de théâtre, notamment pour le Théâtre National Daniel Sorano de Dakar.
L’artiste contourne le fatal écueil de tomber dans un art officiel. Malgré quelques éclipses, l’œuvre d’Ibou Diouf n’a jamais cessé d’être apprécié au Sénégal puis hors des frontières nationales jusqu’à son décès survenu à Dakar le 8 juin 2017.
Ibou Diouf (1953-2017, Sénégal) Marone la poétesse
Estimation : 3000 / 5000 €
L’œuvre intitulée Marone la poétesse proposée à la vente par PIASA est un hommage à Marone Ndiaye que Léopold Sédar Senghor considérait comme l’une de ses maîtres en poésie. Auteur de plus de deux mille poèmes, elle était originaire du village de Joal, comme l’académicien qui y naquit en 1906.
De fines volutes de fumée s’échappent de la pipe que la poétesse, ici représenté de profil, semble pincer du bout de ses lèvres. Sur un fond relativement neutre, son vêtement est le prétexte pour l’artiste de déployer sa palette chromatique jusqu’au vertige. La présence, discrète mais remarquée de son iris rouge, convoquerait la dimension quasi magique de la poésie lorsqu’elle est déclamée.
Il s’agit là d’un très grand format mesurant près de deux mètres de hauteur et mélangeant avec beaucoup de subtilité l’huile à l’acrylique.
