PIASA organise le mercredi 1er juin une vente d’art moderne et contemporain.
Composée de 42 lots, cette vacation dresse un remarquable panorama de la création artistique du 20ème et 21ème siècle à travers une sélection de pièces particulièrement rares sur le marché. La sélection, très internationale, rassemble notamment des œuvres d’artistes majeurs tels que Hervé Télémaque.
Né en 1937 à Haïti, Hervé Télémaque, après avoir été étudiant à l'Art Student League de New York s’installe à Paris en 1961. Il fréquente les surréalistes puis élabore un langage plastique proche du Pop Art et de la Figuration Narrative dont il devient un des représentants majeurs. Dans les œuvres de cette époque, Télémaque assemble des personnages issus de l’univers de la bande dessinée et du cartoon de Walt Disney, des objets de consommation divers (sous-vêtements féminins, ustensiles ménagers, etc.), à travers une mise en page glacée aux couleurs vives. Le climat de ces œuvres, mêlant humour cinglant et poésie, lui est tout à fait personnel. En 1968, le goût de Télémaque pour l’assemblage et le relief l’incite à incorporer directement des objets sur la toile, donnant lieu à des compositions qu’il reprendra ensuite dans ses peintures.
Hervé Télémaque (né en 1937)
Ciel de lit, 1963
Estimation : 120 000 / 150 000 €
Le tableau que nous présentons ici, conçu quelques mois après l’arrivée de Télémaque dans la capitale française, intitulé Ciel de lit, 1963, confirme la volonté de l’artiste de se démarquer de l’abstraction qui domine dans la scène parisienne. Clairement figuratives, les formes deviennent plus précises, tout en confirmant leur caractère sexuel.
La série des Ciel de lit font ainsi apparaître des sous-vêtements féminins qui, pour Télémaque, révèlent et interdisent tout à la fois le corps désiré.
Dans cette version, des objets réels identifiés comme une gaine, des porte-jarretelles, des jumelles, une boussole, une fermeture éclair se mêlent à des éléments peints qui gravitent autour d’une planète aride.
Comme ce sous-vêtement féminin (gaine) et cette boule noire qui viennent danser sur des fonds plus clairs dans une belle énergie de métamorphoses, ces éléments sont nés de l’imaginaire de la conquête spatiale, alors en vogue.
Écriture automatique des surréalistes, transposée en peinture ? La publicité et les personnages comics viennent s'y joindre. Nouvelle rupture en 1963: date de réalisation de notre tableau: l’espace se structure avec le cloisonnement d’une géométrie sensuelle et l’affirmation ironique de nouvelles figures : la gaine et les porte-jarretelles tracent un joyeux ballet, les citations y deviennent lisibles, “chut”, les objets du quotidien s’y installent et le réel lui même y prend place.
L’œuvre de Télémaque connaît aujourd'hui une reconnaissance internationale. En 2015, le Centre Pompidou (Paris) lui rendait hommage à travers une rétrospective remarquable. En 2018, le Museum of Modern Art (MOMA) de New York a acquis un tableau historique de l’artiste, Sans titre (The Ugly American), 1964. Enfin, Télémaque a bénéficié d’une exposition monographique en octobre 2021 - janvier 2022, à la Serpentine Gallery de Londres : A Hopscotch of the Mind et une prochaine exposition à Miami en 2022-2023.
