A l’occasion de la vacation « Art + Design d’une collection particulière européenne » le mercredi 23 septembre 2020, PIASA présente un ensemble cohérent de mobilier et d’œuvres d’art d’artistes de la seconde moitié du XXe siècle parmi lesquels François Morellet.
Figure majeure de l’abstraction géométrique, François Morellet a compté, au début des années 1950, parmi les rares en France à avoir ouvert la voie d’un art minimal avant l’heure. Marqué à la fois par Mondrian et l’art concret de Max Bill, il élimine dans ses créations tout arbitraire, toute trace de sensibilité et de subjectivité.
Morellet recourt ainsi aux procédés de hasard et de répétition, privilégie les formes géométriques élémentaires et réduit sa gamme colorée.Cette approche radicale de la création le conduit à définir une méthode de travail qui consiste à élaborer un système, préalablement à la réalisation de ses œuvres. Membre fondateur en 1960 du Groupe de recherche d’art visuel (G.R.A.V.), Morellet a multiplié les types d’intervention plastique, depuis la peinture sur châssis jusqu’aux projets dans la ville et l’architecture.
Les trames, le développement de nombreux systèmes, l’ironie de ses titres, le recourt au hasard déterminent sa démarche. Effectivement, en bon fils spirituel d’Alphonse Allais et de Raymond Roussel, Morellet préfère jouer les systèmes en y introduisant l’humour, comme l’illustre parfaitement la série des « Strip-teasing », inaugurée en 2005 et dont nous présentons deux toiles (Streap-teasing n°3, Streap-teasing n°7, 2005).
L’allusion sexuelle contenue dans le jeu de mot du titre (strip pour « stripe », bande en anglais) s’incarne dans la confrontation entre un mince trait et une large pellicule de peinture au sein d’une même toile.
Dans le catalogue de l’exposition « Réinstallations » que Le Centre Pompidou a consacré à Morellet en 2011, Catherine Millet revient sur le caractère original de cette série en ces termes : « La part visible de variations illimitées est devenue de plus en plus tangible. Une belle série de toiles illustre la tendance, Strip-teasing (2007-2008), en faisant apparaître une même trame alternativement à l’aide de traits fins ou de bandes très larges qui semblent les recouvrir.
Le procédé est extrêmement riche de possibilités. Il en résulte des œuvres parfois très complexes, d’autres fois d’une impressionnante simplicité. Par exemple, sur une moitié ou sur deux quarts non contigus de la toile, une partie des intervalles entre les lignes sont colorées, si bien que c’est la frontière entre le blanc et la couleur qui prolonge la ligne, brouillant évidemment le repérage de la trame.
Ou bien, les lignes fines sont remplacées par des néons et les larges bandes noires apparaissent, par contraste, comme des signes. On ne peut par faire plus compliqué dans la répétition du même ».

