A l'occasion de sa prochaine vacation d'art Moderne et Contemporain du mercredi 25 novembre 2020, la maison de vente PIASA propose aux collectionneurs un ensemble d’œuvres d’art de l'artistes Arman, emblématiques plasticien de la seconde moitié du XXe siècle.
« Umberto Eco: Tu as une guillotine ?
Arman: Oui, j’ai travaillé sur une vraie guillotine.
U.E. Ah ! Tu l’as faite ?
A. Non, je ne l’ai pas faite, je l’ai commandée à un fabricant de guillotines.
U.E. Ah ! Tu ne l’as pas achetée…
A. D’occasion ? Non, je me suis fait faire une guillotine.
U.E. Pour les cigares ?
A. Non, non …. En France, à côté de Paris, il y a une fabrique de guillotines et ils livrent dans le monde entier, pour les films, pour le théâtre, pour les musées d’horreur, pour
les collectionneurs. C’est encore un bon commerce, la guillotine.
U.E. Et toi, tu as choisi la guillotine. D’un certain point de vue, symbole négatif du siècle, ou symbole positif, la mort du tyran.
A. Oui mais ce n’est pas la solution. Et cette guillotine, je la démolis, je la torture, j’en fait une colère épouvantable. Car même si la Révolution a été quelque chose de bien, on remarque que les révolutions se terminent toujours par des exécutions. Il y avait un très beau film qui s’appelait « Les Professionnels » avec Burt Lancaster, où ils sont payés par un très riche propriétaire de chemin de fer pour récupérer sa femme qui est prisonnière d’un bandit à Mexico. Et c’étaient d’anciens copains qui avaient fait la révolution ensemble au Mexique au XIXe siècle.
A un moment, ils sont blessés et se parlent, et il y en a un qui dit « la révolution c’est comme une femme, c’est comme une pute, on l’a voulue, on l’a eue, mais on est toujours trompé. » Il était très beau ce film. Et c’est vrai que les révolutions ont toujours un cortège assez sinistre. La dernière révolution de ce siècle, la révolution bolchévique, la révolution islamique, toutes les révolutions, quelles qu’elles soient, ont toujours fini par des échafauds, des exécutions. La révolution espagnole a fini dans le sang, les révolutionnaires ont été battus mais ils ont fait quelques horreurs. J’ai toujours cette image de cortège, cette chose qui accompagne les révolutions que sont les exécutions. C’est aussi une prise de position.
U.E. La libération, la mort. »
Arman (Armand Fernandez dit) (1928-2005)
Roi soleil cou coupé, 2000
Estimation : 40000 / 60000 €
Entretien entre Arman et Umberto Eco in cat. exp. Paris, Couvent des Cordeliers, « Vingt siècles vus par Arman, 20 Stations de l’objet », décembre 2000-mars 2001, n.p.