Jean-Paul Kahn fut un collectionneur dès son plus jeune âge. Dès ses 16 ans, il commence à acquérir quelques œuvres et il se passionne très vite pour le surréalisme devenant alors un connaisseur que beaucoup enviait. Ne se limitant pas à des considérations nationales, il perçoit très vite l’ampleur mondiale de ce mouvement artistique. C’est ainsi qu’il investit les moindres contrées où une démarche artistique surréaliste, ou bien en tout cas proche de cette tendance, s’exprime.
L’art deviendra une passion que partagera également son épouse Geneviève Kahn, avec qui il passera 50 ans de sa vie. Ce fut un couple, non pas d’amateurs tant ils connaissaient leur sujet, mais de véritables érudits et chercheurs de pièces possédant une dimension à la fois historique et esthétique.
C’est la raison pour laquelle vous pourrez découvrir, dans la collection qui vous est proposée grâce à cette vacation, des œuvres d’artistes de toutes nationalités confondues. Ces œuvres furent choisies avec une vraie rigueur historique, ce dont témoignent les dates de réalisation, et avec une approche esthétique incontestable.
L’histoire de l’art s’est construite à partir de mouvements constitués autour d’idées précises à des moments particuliers. Collectionner procède d’une démarche intellectuelle faisant prévaloir l’importance historique de telle ou telle composition avant sa propre appréciation personnelle. C’est dans cette idée que Geneviève et Jean-Paul Kahn ont constitué leur collection basée tant sur la littérature que sur les arts graphiques.
Ainsi, seront notamment proposés dans cette vacation un intéressant collage de Hans Arp daté de 1916-1917, une composition de Jacques Hérold de 1931 tout juste arrivé à Paris, un dessin de Jackson Pollock de 1944 ou bien encore des œuvres d’Andy Warhol, Roy Lichtenstein ou Robert Indiana des années 1960.
Chacune des pièces proposées relie étroitement des faits essentiels de l’histoire de l’artiste à celui du mouvement. Il est d’ailleurs passionnant de mettre en rapport une œuvre d’un artiste grec tel Mario Prassinos datée de 1934-1935, à celle de Pierre Roy datant de la même année, ou bien encore celle d’Esteban Francés et de Remedios Varo qui furent tous deux d’immenses artistes espagnols. La mise en perspective de ces différentes approches éclaire notre appréhension du sujet et nous frappe tant par l’actualité que la contemporanéité du style.
Enfin, en considérant les œuvres de Tom Wesselmann ou de Claes Oldenburg avec celles d’Ivan Tovar et de Pierre Molinier, se pose alors une problématique essentielle à savoir le Pop Art ne serait-il pas l’enfant naturel du surréalisme ?
Voilà une des propositions que nous offre la collection de Geneviève et Jean-Paul Kahn, présenté aux enchères par PIASA le 5 juin 2024.
Fabien Béjean-Leibenson


