Une magnifique sélection d'oeuvres de César est présentée par PIASA à l'occasion de la vente d'Art moderne et contemporain du 3 décembre 2019, parmi laquelle une rare Expansion verre brulé, 1967.
Le travail de la matière est probablement la clef de voute des recherches entreprises par César. Ainsi, lorsqu’il crée ses premières Expansions en 1967, l’artiste éprouve toutes les potentialités d’un matériau qu’il laisse s’exprimer librement, sous l’emprise de la loi chimique. Les Expansions de César, qui témoignent ainsi de son incroyable capacité à dompter la matière, sont nées de la découverte hasardeuse d’un processus chimique testé lors d’essais de fabrication des empreintes humaines : « ce que je fais m’apprends ce je que recherche » déclarait l’artiste. Les Expansions résultent d’un mélange de mousse de polyuréthane et de fréon, qui produit un gonflement de la matière dans des proportions importantes, avant de se solidifier. Initialement pensées comme des œuvres éphémères, les premières Expansions furent réalisées à l’occasion de happenings, quand César les découpait et les distribuait au public sitôt faites. Afin d’assurer la pérennité de ces œuvres, l’artiste a élaboré une technique permettant de protéger leur surface...
César (César Baldaccini dit) (1921-1998) Expansion verre brulé, 1967
Estimation : 30000 / 40000 €
Dès lors, César, avec l’inventivité qu’on lui connaît, a créé des Expansions de type très divers, variant leur volume, leur taille, leur couleur, leur surface et leur développement. L’œuvre que nous présentons ici, "Expansion verre brûlé" (1967), datant des premières recherches de César dans ce domaine, propose la vision surprenante d’une mousse débordant d’un verre à pied, coulée en polyester translucide, teintée dans des tonalités oranges et brûlée en surface. L’effet de surprise produit, qui repose sur la subversion de la fonction initiale de l’objet, n’éclipse pas la beauté esthétique de l’œuvre. L’artiste a réalisé dans ces mêmes années plusieurs Expansions dans lesquelles il intègre des objets de la vie domestique, tels que des bouilloires ou des valises, illustrant ainsi sa capacité à maîtriser le phénomène d’expansion de la mousse à petite échelle. Ces séries, qui donnent une résonance « Pop » au travail de César, offrent au spectateur des expériences sculpturales et chimiques d’une grande poésie. Les Expansions, constituent avec les Sculptures d’assemblage et les Compressions, l’un des trois axes majeurs autour desquels l’artiste a renouvelé son expression artistique.
César (César Baldaccini dit) (1921-1998) Compression de couverts, circa 1975
Estimation : 35000 / 45000 €
« Quand je fais un Fer, je suis sculpteur ; quand je fais une Compression, je suis artiste » déclarait César à Bertrand Lavier. La célèbre série des « Compressions » de l’artiste fut initiée en 1960, après qu’il découvre fortuitement chez un ferrailleur de Genevilliers une presse hydraulique américaine géante capable d’engloutir la taille d’une voiture. A partir de ce moment-là, il exécutera des Compressions durant toute sa carrière, explorant les possibilités formelles de la presse à la manière d’un outil artistique. Les Compressions des débuts, constituées de matériaux bruts, se distinguent de celles des années 1970, dites « Compressions dirigées », dont César choisissait les éléments constitutifs selon leurs propriétés intrinsèques. Comme le montre notre « Compressions de couverts » (circa 1975), les couverts en inox s’imbriquent avec une volonté marquée de composition, de façon à déterminer un bloc cubique animé en surface par les motifs ornementaux d’orfèvrerie. Il en va de même avec « Compression de Cristal » (lot 20), œuvre qui tire sa force du décalage existant entre la fragilité du cristal et le caractère brut de l’opération de presse. Ces deux œuvres, à l’esthétique plutôt soignée, tranchent avec la « Compression murale » de 1976 (lot 16), qui témoigne d’un regain d’intérêt de l’artiste pour les rebuts. Pour les Compressions murales, qui sont toutes aplaties, César utilise toujours la presse mais il enduit les matériaux de colle afin d’assurer le maintien vertical de l’œuvre. Le goût des matériaux usés n’a jamais quitté César dont le travail oscille souvent entre deux pôles, entre un art pauvre et un art plus flamboyant. L' ensemble de ces Compressions, à peu près contemporaines, témoigne de cette quête « d’un autre chose » qui ne quittait jamais César, de son perpétuel esprit d’invention, de recherche, et de ses trouvailles inédites.
César (César Baldaccini dit) (1921-1998) Compression murale, 1976
Estimation : 35000 / 45000 €
