À l'occasion de la vente d'Art Moderne et Contemporain du 9 juillet 2020, Piasa met à l'honneur César (1921-1998) et présente une sélection d'oeuvres rares et variées du célèbre sculpteur français.
César Baldaccini naît en 1921 à Marseille de parents italiens d'origine toscane. Enfant, il se passionne pour le dessin et se forme seul, en autodidacte. En 1944, César obtient de la cité phocéenne une bourse d'étude et intègre alors l'École nationale des Beaux-Arts. À Paris, César fréquente les cercles artistiques de l'immédiat après-guerre de Montparnasse et de Saint-Germain-des-Prés. Il y fait entre autres la rencontre de Giacometti, Germaine Richier et Picasso qui influenceront grandement sa vision de la sculpture.
L'identité artistique de César s'affirme lors d'un stage au sein d'une menuiserie industrielle à la fin des années 1940, lorsqu'il se confronte à la métallurgie, à l'assemblage et aux matériaux bruts. Il échange alors le maillet par la fraiseuse, le ciseau par le fer à souder. César s'approprie la ferraille, les rebuts métalliques et explore les matériaux industriels qu'ils transforment en tant de figures animales et humaines inquiétantes. C'est depuis son atelier de Villetaneuse, installé "dans le coin d'une usine", que l'artiste produit ainsi ses célèbres fers soudés. Dès lors, César accède à la reconnaissance internationale. Sa technique particulière qui fiance la maîtrise classique de la sculpture à l'audace conceptuelle de la modernité est célébrée de New-York à Tokyo.
En 1960, il remarque chez un ferrailleur de Gennevilliers une presse hydraulique américaine capable d'écraser une automobile. Au salon de mai de la même année, il expose ses premières "Compressions" et stupéfie le public par la radicalité de son geste. Pourtant, les Compressions s'inscrivent sans heurts dans la production de l'artiste qui n'a eu de cesse d'explorer toutes les possibilités du matériau industriel. Surtout qu'au même moment, César se lie au groupe des Nouveaux Réalistes conduit par Pierre Restany, dont l'ambition était "le recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire". À cet égard, notre Compression de pièces en forme d'alliage argenté "Sans titre" (circa 1960) en est la plus parfaite illustration.
César (César Baldaccini dit) (1921-1998)
Sans titre, circa 1972-73
Estimation : 40000 / 60000 €
À la fin des années 1960, César découvre un nouveau médium, la mousse polyuréthane. Ce matériau lui inspire la série des Expansions, qu'il oppose aux Compressions. Le procédé technique consiste à maîtriser la coulée de la mousse puis de la solidifier afin d'en obtenir une sculpture surprenante, résultat hasardeux des lois chimiques. La "Coulée grise" datant de 1977 (lot 39) est le fruit de cette recherche artistique de la sculpture chimique. Elle témoigne de la réalisation de la pensée de César, qui veut que le matériau guide la logique de ses oeuvres.
Ainsi, par la singularité de son travail et par ses expérimentations techniques, César s'inscrit parmi les artistes les plus novateurs de l'histoire de la sculpture.
César (César Baldaccini dit) (1921-1998)
Sans titre
Estimation : 30000 / 35000 €
Jusqu'au crépuscule de sa vie, César poursuit ses Compressions en modulant l'outil industriel devenu outil poétique. La Compression de cartouches de chasse "Sans titre", pièce unique estimée entre 30 000 et 35 000 euros se détache par son aboutissement esthétique. La beauté de l'oeuvre relève sans doute du contraste entre la régularité géométrique de la forme de l'objet et l'irrégularité des couleurs des cartouches.
César (César Baldaccini dit) (1921-1998)
Combustion d'allumettes, 1982
Estimation : 10000 / 12000 €
En parallèle des fers soudés, des compressions et des expansions, César se livre à plusieurs autres expérimentations résultant de l'utilisation d'objets du quotidien. La combustion d'allumettes datant de 1982, dont l'estimation est établie entre 10 000 et 12 000 euros, traduit la fascination de César pour l'accident artistique. Il déclarait en effet à propos de son art : "C'est l'aventure. Parfois les choses se développent dans un accident, et si je le subis c'est parce que j'ai décidé de le subir..."
