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Agustín Cárdenas - Joaquín Ferrer : une amitié indéfectible

29 mai 2021

Jeudi 3 juin 2021, PIASA présentera lors de sa vente aux enchères d'Art Moderne et Contemporain, plus de 101 œuvres d'art dont celles des artistes cubains Agustín Cárdenas et Joaquín Ferrer.

Dans ce focus dédié, PIASA revient sur l’amitié indéfectible qui a lié les artistes cubains Agustín Cárdenas (1927-2001) et Joaquín Ferrer (né en 1929), jamais démentie depuis leur rencontre comme étudiants à l’Académie des Beaux-Arts de San Alejandro à la Havane, au début des années 1950. À cette époque, les jeunes hommes font également la connaissance décisive de leur ainé et mentor, le grand peintre surréaliste cubain, Wifredo Lam. Si Cárdenas et Ferrer connaissent déjà une reconnaissance en exposant régulièrement leur travail à la Havane, leur ambition et soif de découverte les conduit assez rapidement à Paris. Agustín Cárdenas s’y rend dès 1955 avec Wifredo Lam et, quatre ans plus tard, Joaquín Ferrer les rejoint (les jeunes artistes sont tous deux boursiers du gouvernement cubain).

Lors de son arrivée à Paris, Agustín Cárdenas se rapproche d’André Breton et des surréalistes avec lesquels il expose, notamment à la galerie Daniel Cordier (Paris, 1959) chez D'Arcy's Galleries (New York, 1961) ou à la galerie de L'Œil (Paris, 1965). À leurs côtés, mais aussi au contact de l’œuvre de Brancusi et d’Arp, Cárdenas forge son style : il s’autorise à renouer avec ses racines africaines, redonne de la vigueur au caractère spirituel, sensuel et lyrique de son travail.

Dans le catalogue de sa première exposition personnelle qui a lieu en 1959 à la galerie La Cour d’Ingres, André Breton loue le talent du sculpteur en comparant l’agilité de sa main à une libellule : « Si habile soitelle – comme une libellule – la main de Cárdenas pour notre bonheur en reste à ce stade hautement privilégié. Voici jailli de ses doigts le grand totem en fleurs qui mieux qu’un saxophone cambre la taille des belles. »


Agustín Cárdenas (1927-2001)
Sans titre
Estimation : 100 000 - 150 000 €


Ferrer, lorsqu’il s’installe à Paris, évolue de manière plus isolée, ce qui ne l’empêche pas d’être représenté à la galerie du Dragon en 1961 dans une exposition cubaine organisée par Robert Altmann, puis de participer en 1962 à « Cuba et Cubains » à la Maison des jeunes de Clichy ainsi qu’à l’exposition collective « Art latino-américain » au Musée d’Art moderne de Paris.

Max Ernst, impressionné par la peinture de Ferrer (il préface le catalogue de sa première exposition à la galerie La Roue en 1968) qu’il avait rencontré par l’intermédiaire du poète et exégète de l’artiste, Alain Bosquet, écrit à son sujet : « (…) Quant aux jeunes, je les plains. Comment n’ont-ils pas l’impression que tout a été fait avant eux ? On a tort d’en faire des dieux avant même qu’ils aient eu le temps de s’exprimer. L’un d’eux, Ferrer, est un peu ma découverte. Loin du Pop Art, du Mec-Art, et de leurs succédanés, il me paraît profondément authentique (…). »

Max Ernst se réfère ici aux réalisations de Ferrer datant du milieu des années 1960, d’une géométrie nouvelle, où les plans se superposent dans l’espace mince du tableau, sans épaisseur ni profondeur, dans des tonalités pastel. D’une grande singularité, ces tableaux prenaient leurs distances avec ceux du début de cette décennie, où Ferrer était davantage marqué par l’univers surréalisant de Wifredo Lam.



A Paris, l’art de Agustín Cárdenas et de Joaquín Ferrer connait dans les années 1960- 1970 un vrai engouement, le public étant particulièrement séduit par tout ce vient de Cuba. Les artistes fréquentent les mêmes cercles d’amis, les poètes René Char, Edouard Glissant, Alejo Carpentier, les peintres Roberto Matta et Jorge Camacho, pour ne citer qu’eux. Tous deux représentés par la galerie Le Point Cardinal, celle-ci célèbre leur amitié en les exposant ensemble sur son stand de la Fiac de 1978.

Le dialogue ainsi établi entre les sculptures de Cárdenas et les peintures de Ferrer souligne la permanence d’affinités, voire l’existence d’un certain tropisme dans leur langage plastique. Est-ce dû à l’héritage ancestral de Wifredo Lam ? Au souvenir éternel de la jungle cubaine ? À leur intérêt pour les arts premiers ? À l’importance qu’ils accordent tous deux à la pratique du dessin ? En réunissant de nouveau les œuvres de Cárdenas et Ferrer, Piasa réactualise ces interrogations en rendant un juste hommage à ces compagnons d’exil.


Joaquin Ferrer (born 1929)
Au loin la memoire, 1978
Estimation : 10 000 - 15 000 €


Vente associée

Art Moderne et Contemporain

Paris jeudi 3 juin 18:00 Voir les lots

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