A l'occasion de la vacation « Collection Daniel Varenne II » le mercredi 28 octobre 2020, la maison de vente PIASA propose aux collectionneurs un ensemble d’œuvres d’art d’artistes emblématiques de la seconde moitié du XXe siècle, parmi lesquels Alain Jacquet.
La fameuse série des « Camouflages » d’Alain Jacquet, réalisée de 1962 à 1964, reprend les chefs d’œuvre de l’histoire de l’art (de Michel Ange à Matisse en passant par Bronzino) que Jacquet associe à des formes iconiques issues de la société de consommation, de la culture populaire ou publicitaire (les vignettes de Walt Disney notamment), opposant ainsi culture classique et culture de masse. Cette entreprise de mixage des images et des styles s’inscrit également dans la lignée du travail de certains artistes américains du Pop Art américain et des Nouveaux Réalistes français, dont le travail était fondé sur le détournement, comme Roy Lichtenstein ou Martial Raysse.
Le tableau de Jacquet « Camouflage Lichtenstein/ Picasso » (1963) est à ce titre très emblématique : il reprend un tableau que Lichtenstein avait peint un an avant, et qui était lui-même une reprise d’un tableau Picasso. Cette toile appartient à la première série des camouflages de Jacquet où le traitement de l’image reprend celui des camouflages militaires, tout en y associant des procédés de découpes complexes. A cela s’ajoute le choix de couleurs vives, contribuant ainsi à une plus grande dissimulation du sujet. Jacquet poussera l’ironie du procédé de détournement encore plus loin avec la reprise la même année du Hot Dog de Lichtenstein (1963), lot 26, qui donnera lieu à la soirée unique « Saucisses-cocktail » à la galerie Breteau en juin 1963. L’artiste y avait invité le public à prélever une « peinture souvenir du camouflage de Lichtenstein », suivant des pointillés correspondant à des fragments de toile vendus dix francs l’unité. Ces œuvres sont très représentatives de l’art d’Alain Jacquet.
Alain Jacquet a été pionnier dans l’utilisation de nouveaux supports et technologies, comme il l’explique dans un entretien avec Sylvie Couderc en 1998 : « En réalisant en 1964, les caissons en plastique thermoformés intitulés « Exposition » chez Iolas, j’avais l’intention d’observer l’agrandissement progressif des points sur une surface thermoformée ; laquelle va forcément agrandir et déformer le point. Avec « LaSource » et d’autre pièces que j’appelle « Les cuisses de grenouilles », je voulais tester le point sur des surfaces gonflables. Pour « Olympia », le support était une bâche vinyle. J’ai usé de plexiglas transparent pour créer de l’espace entre les différentes plages de couleurs, rouge, jaune, bleu. Selon la place que l’on occupe, ce type de pièces offre des visions différentes1. »
Alain Jacquet (1939-2008) Sans titre, 1966
Estimation : 6000 / 9000 €
1Alain Jacquet. Extrait de l’entretien avec Sylvie Couderc -Catalogue de l’exposition Alain Jacquet au Musée d’Amiens,1998.

