Le Burkina Faso, le pays des hommes intègres qui était la Haute Volta jusqu’en 1984, occupe une place particulière dans le paysage culturel de l’Afrique de l’Ouest. Fortement marqué par la personnalité du révolutionnaire et homme d’Etat Thomas Sankara, le Che Guevara africain, le Burkina regorge d’initiatives culturelles, d’artistes de talents et d’artisans qui contribuent à la visibilité du pays sur la scène artistique internationale.
Le FESPACO (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou) met tous les deux ans un coup de projecteur sur la capitale. Il décerne l’Etalon de Yennenga. Il permet non seulement la rencontre sur le Continent des professionnels du secteur, mais il donne également aux populations locales un accès aux productions panafricaines au travers un réseau d’associations et d’ONG.
Aux confins de l’art et de l’artisanat, le deuxième événement d’envergure internationale bisannuel est le SIAO (Salon International d’Artisanat de Ouagadougou). S’il rassemble des artisans du monde entier, c’est l’artisanat d’Afrique qui est mis à l’honneur pendant une semaine. Le village artisanal de Ouagadougou offre par ailleurs un panorama des productions régionales ; textile, ébène sculpté, décoration, bijoux… Le travail du bronze occupe une place prépondérante au Burkina. De nombreux ateliers de bronziers maitrisent la pratique du bronze à la cire perdue. Les productions traditionnelles qui représentent les femmes graciles et des animaux surtout destinées au tourisme, mais beaucoup d’artisans exploitent cette technique pour la création d’œuvres d’art originales.
Autour des bronziers, et de tout l’écosystème local de la création et de la valorisation de l’art et la culture, s’est tenue en 2019 la première édition de BISO (Biennale Internationale de Sculpture de Ouagadougou) sous le patronage du sculpteur Siriki Ky.
Siriki Ki (né en 1953, Côte d'Ivoire)
Reine Mère
Résultat : 5200 €
Ce dernier a déjà créé à Laongo, à 35 kilomètres de Ouagadougou, un immense musée de sculpture à ciel ouvert sur un affleurement granitique, où des artistes du monde entier sont venus faire parler leurs marteaux et leurs burins.
Le Design occupe également une place particulière dans le paysage artistique et artisanal du Burkina Faso. A la fois Designers, entrepreneurs et créateurs d’activité économiques, trois personnalités se distinguent et oeuvrent pour la visibilité de leur production localement et à l’international. Hamed Ouattara, Kader Kaboré et Inoussa Dao font partie de cette jeune génération engagée auprès du gouvernement pour valoriser l’impact économique des industries créatives.
Hamed Ouattara (né en 1971, Burkina Faso)
Meuble Gold
Résultat : 4160 €
Les matériaux utilisés sont principalement le fer forgé, le bois local et les objets de récupération, au premier lieu desquels ont trouve les barils de pétrole qui donnent lieu à toute une gamme d’objets utilitaires ; tables, chaises, buffets, bureaux qui rivalisent d’originalité.
Les artistes plasticiens de talents sont répartis dans l’ensemble du pays. Dans la capitale Ouagadougou, certains d’entre eux sont regroupés dans des centres de création artistique.
Aux Ateliers Maanéré, évoluent des artistes qui pratiquent la peinture et le dessin. Il est promu par Christophe Sawadogo. Le Hangar 11 quant à lui a été créé par un collectif dédié à l’art contemporain qui accueille des artistes qui travaillent la peinture, les installations, la sculpture ainsi que des performeurs. Certains « 11 » du mois les vernissages sont accompagnés de concerts.
La Villa Yiri Suma est autre une étape incontournable de la vue culturelle Ouagalaise. Au centre ville, la Villa Yiri Suma qui signifie en Bambara « à l’ombre d’un arbre » est un lieu de travail et de résidence pour les artistes, et un centre de découverte de la culture traditionnelle et du dynamisme de la scène contemporaine autour du cinéma, du théâtre, de la danse, de la musique et des arts plastiques.
Si le marché de l’art local est encore peu développé de nombreux artistes burkinabé ont aujourd’hui une visibilité internationale et une représentation dans des galeries à travers le monde. Le patriarche d’entre eux, Siriki Ky, largement consulté par les autorités nationales a fait des ses grands totems en bronze, à la fois poétiques et massifs, sa marque de fabrique. Sa pratique est en réalité largement plus diversifiée, et c’est un groupe de personnages en fer que l’on peut découvrir dans l’exposition « Prête-moi ton rêve » qui sillonne actuellement l’Afrique. Abou Traoré, basé lui à Bobo Diolasso mêle avec subtilité tradition et modernité, pour produire des bronzes à la cire perdue prisés par les collectionneurs occidentaux.
Abou Traoré (né en 1960, Burkina Faso)
Kôrôlékô
Résultat : 24700 €
Adjaratou Ouedraogo qui a elle même créé la résidence d’artistes Soarba dans le quartier Gounghin est une artiste sensible qui a fait ses débuts il y a quelques années à Paris avec ses œuvres aux pigments épais qui évoquent les interrogations de l’enfance. Plusieurs artistes burkinabés naviguent entre le continent et l’occident, et accostent souvent aux environs de Paris. C’est le cas du photographe Nyaba Léon Ouédraogo, co-fondateur de la Biennale BISO, il a reçu le prix de l’Union Européenne aux rencontres de Bamako et a été Finaliste du Prix Pictet. Son travail a été montré au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac.
Nyaba Ouédraogo (né en 1978, Burkina Faso)
Série : Les fantômes du fleuve Congo
Résultat : 5070 €
Hyacinthe Ouattara travaille le textile et assemble avec beaucoup de finesse des réseaux arachnéens aux couleurs vives. Saïdou Dicko, fasciné par les ombres et les silhouettes en fait le thème récurrent de son travail de photographe, de vidéaste et de peinture.
Des artistes venus d’ailleurs ont quant à eux trouvé au Burkina Faso une terre d’accueil pour l’exercice de leurs pratiques. C’est le cas d’Yveline Tropéa dont les scènes parfois dérangeantes, brodées de perles sont à l’orée de l’art brut ou encore de l’artiste Paco&co qui mélange, mode, artisanat et arts plastiques.
