Le mercredi 23 septembre 2020, la maison PIASA dispersera une importante collection privée européenne qui entremêle avec beaucoup de cohérence des œuvres contemporaines et du mobilier de la seconde moitié du XXe siècle.
La sélection d’une cinquantaine de lots orchestrée par le département d’Art moderne et contemporain permet de mettre efficacement en lumière la scène françaises avec notamment des œuvres géométriques, d’art construit ainsi d’un bel ensemble de pièces provenant du mouvement BMPT (deux belles œuvres deDaniel Buren datant des années 1980).
Enrichi par des meubles signés de designers français des années 1950-1960 tels que Pierre Guariche et Alain Richard, cet ensemble révèle la finesse de l’esprit du collectionneur qui l’a constitué.
Yun Hyong-Keun
Associé au mouvement coréen Dansaekhwa, le peintre coréen Yun Hyong-keun (1928 – 2007) est l’auteur d’une œuvre qui entretient des relations intimes avec la pratique de la méditation. Après les vicissitudes que traverse son pays au cours desquels l’artiste est arrêté, torturé et blessé, il présente pour la première fois son travail en 1966 à la Press Center Gallery de Séoul et participe en 1969 à la 10e Biennale de São Paulo. Plaçant une toile épaisse de coton ou de chanvre sur le sol, Yun trace de larges lignes de haut en bas, ajoutant ses couleurs à l'huile couche après couche jusqu'à ce que la surface soit recouverte d’un noir profond. Présenté à la galerie Jean Brolly, Burnt Umber & Ultramarine a été réalisée en 2002.
Yun Hyong-Keun (1928-2007)
Burnt Umber & Ultramarine, 2002
Estimation : 80 000 / 120 000 euros
François Morellet
Installé à Paris en 1937, François Morellet commence à peindre à l’âge de 14 ans. Une fois son baccalauréat obtenu, il se dirige assez rapidement vers des études de russe à l’École des langues orientales. Juste après la guerre, François Morellet intègre la société familiale tout en poursuivant son activité artistique.
A l’issue d’une première période figurative, il choisit d’emprunter les chemins escarpés de l’abstraction à partir de 1950. Le langage de ses œuvres est géométrique tandis que son esthétique se distingue par son dépouillement.
François Morellet (1926-2016)
Streap-teasing n°3, 2005
Estimation : 40 000 / 60 000 euros
Olivier Mosset
Né à Berne, Olivier Mosset vit et travaille actuellement à Tucson, Arizona. Après avoir été à Paris de 1965 à 1977, il s'est installé ensuite aux États-Unis et a participé aux mouvances de la « Radical Painting » et du « Néo-géo ». Dès le début de sa carrière, Olivier Mosset a opté pour la radicalité. En 1965, il atteint le degré zéro de la peinture en exécutant des tableaux qui ne représentent que la lettre A, en noir sur fond blanc. En 1966-1967, il devient un des membres du groupe B.M.P.T. (Buren-Mosset-Parmentier-Toroni) qui a pour but de débarrasser la peinture des notions d’originalité et d’unicité, mettant ainsi à mal le système de valorisation symbolique et esthétique de l’œuvre d’art.
Olivier Mosset (né en 1944)
Cercle blanc sur fond noir
Estimation : 12 000 / 15 000 euros
Niele Toroni
L’artiste suisse Niele Toroni a quitté la région du Tessin en 1959, alors qu’il était instituteur pour vivre à Paris et « faire de la peinture ». Depuis 1967, il s’en tient « au même énoncé, à la même méthode de travail » : « quand j’interviens comme peintre, je donne à voir des empreintes de pinceau n° 50, répétées à intervalles réguliers de 30 cm. » Avec un pinceau plat large de 50mm, Toroni pose des empreintes de peinture sur une trame - un dessin préalablement tracé – en partant généralement à 10 cm du bord supérieur de son support (toile, toile cirée, papier, mur, vitre, sol…).
Si la répétitivité de l’œuvre se situe au centre de son œuvre, les possibilités qui s’offrent à elle sont immenses : outre le choix des couleurs des empreintes, il y a celui des espaces d’intervention, lorsqu’il travaille in situ. Véritable œuvre ouverte, la peinture de Toroni est donc l’addition de toutes ses réalisations.
Niele Toroni (né en 1937)
Sans titre, 1989
Estimation : 25 000 / 35 000 euros
Daniel Buren
Daniel Buren a commencé sa formation dans l’atelier de « peinture et décoration générale » de l’Ecole des métiers d’art de 1957 à 1960 puis l’a prolongée à l’Ecole des Beaux Arts d’où il sera renvoyé pour absentéisme. A l’occasion d’une commande de mosaïques décoratives dans un hôtel de Sainte-Croix aux Caraïbes, Buren utilise pour la première fois une toile tissée de bandes verticales blanches et colorées. Ce motif servira de fond à des œuvres aux motifs biomorphiques qu’il exécutera entre 1965 et 1966 puis deviendra à partir de 1967 « l’outil visuel » (Buren) à partir duquel il légitimera toute sa conception de la peinture. Buren limitera son intervention manuelle à l’application de peinture blanche sur les deux bandes blanches situées aux extrémités de ses toiles, libérées elles-mêmes de leurs chassis et de leurs cadres.
Pierre Guariche
Après l'obtention d'un diplôme en 1949 au sein de l'ENSAD où il côtoie l'enseignement de RenéGabriel, il entre en stage chez Marcel Gascoin avant de créer sa propre agence. Ses luminaires, dont l'emblématique Cerf-Volant, sont édités dès 1950 par Disderot.
Alain Richard
Alain Richard est formé par René Gabriel à l'École nationale supérieure des arts décoratifs d’où il sort major en 1949. Installé aux Pays-Bas au début des années 1950, il travaille notamment avec Henri Salomson. En 1952, Richard participe à de multiples projets pour l'aéroport d'Orly, le Crédit agricole, la Banque de France et la RATP (il dessine la gare Auber) et fonde sa propre agence, avec son épouse, Jacqueline Iribe. Il reçut de nombreuses commandes du Mobilier national dans les années 1970.
Alain Richard (1926-2017)
Modèle 143 corail Armoire Orme, 1953-1954
Estimation : 8 000 / 12 000 euros






