Après le succès de sa dernière vacation consacrée à l’Art contemporain africain qui totalisa plus de 1,3 million d’euros, PIASA offre un large panorama de la scène artistique du Continent et de la diaspora avec sa prochaine vente le 7 novembre 2019.
Cette sélection de 140 lots met en lumière l’Art moderne africain en proposant aux collectionneurs l’étonnante diversité des écoles africaines, que ce soit celle dite du « Hangar » avec Pilipili Mulongoy et Bela ou celle du Mozambique avec Ernesto Shikhani et Malangatana Ngwenya.
Des pièces issues de la scène congolaise ainsi que des œuvres d’Aboudia et de Barthelemy Toguo rendront quant à elles palpable la puissance expressive de l’Art contemporain.
Faisant partie des grandes problématiques qui traversent le continent africain, l’environnement, les migrations et l’identité constituent des thématiques que s’approprient les artistes d’aujourd’hui.
Cette vente présentera également des photographies du sud-africain Zwelethu Mthethwa et, pour la première fois, de l’éthiopienne Aida Muluneh.
Une grande diversité d’Écoles africaines
École du hangar
Très largement représentés lors de la vente de la Collection Pierre Loos organisée par PIASA en septembre 2018, les artistes de l’école du Hangar seront mis à l’honneur dans le cadre de cette vacation.
Fondée à Élisabethville (République Démocratique du Congo) par le militaire et le peintre français Pierre Romain-Desfossés en 1946, cette école voit l’éclosion d’une génération d’artistes parmi lesquels Pilipili Mulongoy (1914 - 2007) et Bela (1920 - 1968).
Pilipili Mulongoy (c.1914-2007, Congo)
Sans titre (crocodiles), décembre 1957
Estimation : 3000 / 5000 €
Sans doute l’un des artistes les plus talentueux du Hanger, Pilipili Mulongoy, fils d’un pêcheur, a pour principal model le foisonnement d’une nature luxuriante. Vivement encouragé par Pierre Romain-Desfossés, l’artiste Bela représente, uniquement à l’aide de ses doigts, la richesse de la vie sous-marine ou, comme dans le tableau proposé à la vente, des scènes de chasse.
Le Mozambique
Ernesto Shikhani (1934-2010)
Né dans le district de Marracuene, Ernesto Shikhani commence à se consacrer à la sculpture à Núcleo de Arte, une coopérative d'artistes créée en 1948. Marqué par une gamme chromatique vibrante et éclatante, son travail pictural, tout en plongeant ses racines dans les traditions iconographiques du Mozambique, dénonce l’iniquité d’un régime politique dictatorial. En 1973, ses œuvres sont présentés pour la première fois à l’étranger par le biais d’une bourse de la Fondation Gulbenkian que la police politique lui retira trouvant son œuvre trop subversive.
Ernesto Shikhani (1934-2010, Mozambique) Sans titre, 1994
Estimation : 1500 / 2500 €
Malangatana Ngwenya (1936-2011)
Né au Mozambique et nommé « Artiste pour la paix » par l'UNESCO, ce peintre a participé à la guerre d'indépendance du Mozambique. Cette expérience traumatisante constitua une source d’inspiration majeure notamment pour la réalisation de grandes peintures murales. Dans un cadrage extrêmement resserré, ses compositions se distinguent par une grande densité des personnages. Par leur gamme chromatique très vive, elles suggèrent les atrocités dont il fut le témoin direct lors de la guerre d'indépendance puis de la guerre civile de 1977 à 1992.
Comme Ernesto Shikhani, c’est dans la ville de Maputo que Malangatana Ngwenya développe un intérêt pour les arts.

Malangatana Valente Ngwenya (1936-2011, Mozambique) Sans titre
Estimation : 5000 / 8000 €
École du Congo
Une deuxième partie de la vacation sera dédiée à l’école Congolaise, célébrée lors de l’exposition « Beauté Congo » à la Fondation Cartier en 2016.
Souvent figuratives, leurs œuvres traitent de la vie quotidienne et des fables locales. Cheri Samba, Pierre Bodo ou encore Amani Bodo, les artistes les plus emblématiques du mouvement font parmi de cette sélection.
Chéri Samba (né en 1956)
Chéri Samba arrive à Kinshasa en 1972. Artiste autodidacte, il commence par gagner sa vie en tant que peintre d’enseignes publicitaires et dessinateur de bandes dessinées pour la revue Bilenge Info avant d’ouvrir son propre atelier en 1975. Il s’inspire de la vie quotidienne et aborde dans ses toiles des questions politiques, sociales et économiques. Il se met en scène dans ses œuvres et ajoute du texte sous la forme de commentaires. Il est à l’origine de l’expression « peintres populaires » qui désigne une peinture qui vient du peuple, concerne le peuple et s’adresse au peuple.
Chéri Samba (né en 1956, République Démocratique du Congo) La bague au coeur, 2006
Estimation : 50000 / 70000 €
Aboudia (né en 1983 à Abidjan)
Au fil des ventes, PIASA est parvenu à sensibiliser un public de collectionneurs toujours plus important. Régulièrement, les artistes devenus incontournables sont proposés à la vente par PIASA, parmi lesquels Barthélémy Toguo et Aboudia.
Aboudia est né en 1983 à Abidjan en Côte d’Ivoire. Il vit et travaille entre Abidjan et Brooklyn New York. Aboudia est repéré par la critique internationale en 2011 grâce à ses œuvres documentant les violences de la crise ivoirienne. En 2010, il est à Abidjan lorsqu’éclatent les émeutes qui suivent les élections présidentielles. Alors que de nombreux intellectuels et artistes préfèrent fuir la guerre civile, Aboudia choisit de rester et de travailler malgré le danger.
Aboudia (Abdoulaye Diarrassouba dit) (né en 1983, Côte d'Ivoire) Sans titre, 2014
Estimation : 8000 / 12000 €
La peinture d’Aboudia est pleine d’enfants, mais ceux-ci sont très différents des gamins photogéniques des images idéalisées de l’Afrique. Ces enfants-là sont peints de manière naïve et brutale. Les visages dans un état de surprise permanent, pas encore blasés par la vision des scènes de violence ordinaire. Aboudia peint à la mode nouchi, un mélange des styles de la rue qu’il fait sien, une source d’évasion en réponse aux privations que l’on retrouve sur les murs des quartiers des environs d’Abidjan.
Barthélémy Toguo (né en 1967, Cameroun)
C’est à Grenoble puis à Düsseldorf que l’artiste camerounais Barthélémy Toguo prolonge une formation entamée à l'école des beaux-arts d'Abidjan en Côte d'Ivoire. Artiste multi support, il travaille aussi bien la vidéo, la photo que la peinture ou l’aquarelle comme dans cette pièce proposée à la vente.

Barthélémy Toguo (né en 1967, Cameroun) Wild cat's dinner n°7, 2006
Estimation : 25000 / 35000 €
Le Kenya
L’Afrique de l’est et en particulier le Kenya fait figure de nouveau territoire. Acteur prescripteur, PIASA se devait de l’explorer.
Michael Musyoka (né en 1986, Kenya) Time N 6, 2019
Estimation : 8000 / 12000 €

Michael Soi (né en 1972, Kenya) China Loves Africa 69, 2018
Estimation : 4000 / 6000 €
Sur les routes de l’exil…
Art contemporain africain et migrations
Du fantasme et de l’espoir qu’elles suscitent auprès de la jeunesse africaine aux drames absolus qui endeuillent régulièrement la Méditerranée, les migrations et les problématiques qu’elles soulèvent sont au cœur de cette nouvelle sélection du département d’Art contemporain de PIASA.
Sadek Rahim
Le tapis : symbole du départ
Récemment présenté dans le cadre d’une exposition au Musée d’Art Moderne et Contemporain d’Oran, le travail de Sadek Rahim propose une réflexion sur le déracinement, sur le désir d’exil et sur l’immigration clandestine d’une jeunesse scrutant le mirage de l’Europe voisine.
L’artiste puise dans le vocabulaire décoratif traditionnel de son Algérie natale et hisse au rang de symbole des tapis qui, depuis toujours, peuplent les intérieurs des habitants les plus modestes comme des plus fortunés.
Support de convivialité, d’échange et de partage, devenu l’un des principaux représentants d’un orient fantasmé, le tapis cristallise - pour l’artiste - l’idée du départ et de l’exil, notamment à travers le mythe de sa lévitation.
Gracieuse métaphore provenant de l’héritage oriental, le tapis « volant » est l’objet qui permet de s’arracher à la pesanteur, de s’échapper pour un ailleurs, nécessairement meilleur.
Troués, déconstruits ou effilochés, les tapis de Sadek Rahim suggèrent que cet ailleurs espéré est un mirage, que l’Eldorado providentiel est une vue de l’esprit néfaste voire dangereuse.
Sadek Rahim (né en 1971, Algérie) Missing, 2019
Estimation : 7000 / 10000 €
Yancouba Badji
Peinture et résilience
De la Casamance vers la Gambie, puis du Maroc vers la Lybie, sur la route d’un exil impossible, Yancouba Badji a vécu des expériences traumatisantes qui constituent depuis le matériau dont il se sert pour réaliser ses tableaux.
Si le tableau « Like a bird in the sky », réalisé en juin 2019 semble s’inspirer du déploiement céleste d’une fresque de Corrège (1489-1534) la réalité qu’il dépeint est quant à elle beaucoup plus macabre. En effet, les corps nus ne volent pas dans les airs mais flottent à la surface de la Méditerranée.
Le contraste entre la douceur de l’exécution et l’horreur des sujets représentés confère au travail de Yancouba Badji toute sa puissance expressive.
Yancouba Badji (né en 1979, Sénégal) Like a bird in the sky, juin 2019
Estimation : 1500 / 2000 €
La nature et sa protection
Une thématique au cœur de la création contemporaine africaine
Les périodes de sécheresse, les nappes de pollution au-dessus des mégapoles, l’épuisement des ressources, la destruction des habitats naturels pour une biodiversité qui se réduit inexorablement : l’Afrique est en première ligne des troubles liés au réchauffement climatique. Il n’est pas étonnant de repérer une recrudescence de ce thème dans la peinture, notamment dans celle des artistes ougandais Joseph Ntensibe et Sanaa Gateja.
Sanaa Gateja (né en 1950, Ouganda) 2019
Estimation : 10000 / 15000 €
L’héritage de l’art classique africain
Dans un contexte international marqué par les polémiques suscitées par les demandes de restitution d’œuvre d’art, plusieurs artistes africains contemporains comme Calixte Dakpogan, Amani Bodo, Julien Vignikin ou Raymond Tsham, réinvestissent leur héritage national en incorporant une iconographie traditionnelle et des pièces emblématiques tels que des statuettes et des masques.
Raymond Tsham
Diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Kinshasa en 1989, ce dessinateur s’est fait remarquer notamment grâce à son travail au stylo à bille noir. Dans ses compositions, la profusion de masques et des statuettes du Congo sont un vibrant hommage à un Art classique africain qui a tant contribué à façonner l’art moderne européen.
Tsham (né en 1963, République Démocratique du Congo) Sans titre, 2019
Estimation : 8000 / 12000 €
Focus sur la photographie contemporaine
Rotimi Fani-Kayode (1955-1989, Lagos)
Né au Nigeria dans une famille Yoruba, il suit ses parents réfugiés politiques en Grande-Bretagne. Il part ensuite aux États-Unis pour faire ses études à l'université de Georgetown et au Pratt Institute. Esthétisantes et souvent érotiques, ses photographies de nus masculins lui ont souvent valu d’être rapproché de Robert Mapplethorpe.
Décédé il y a tout juste 30 ans, Rotimi Fani-Kayode, fortement influencé par la culture afro-américaine, est célébré dans le cadre de l’exposition Implicit Tensions (du 24 juillet 2019 au 5 janvier 2020) au Musée Guggenheim.
Rotimi Fani-Kayode (1955-1989, Lagos) Untitled
Estimation : 4000 / 6000 €
Zwelethu Mthethwa (né en 1960)
Diplômé de l’École des Beaux-Arts du Cap, ce photographe sud-africain a participé à la Biennale de Venise 2005.
Zwelethu Mthethwa (né en 1960, Afrique du Sud)
Untitled from Interior Series n°16, 2003-2006
Estimation : 3000 / 5000 €
Aida Muluneh (née en 1974)
L’artiste Aida Muluneh a fondé le premier festival consacré à la photographie en Afrique de l'Est, Addis Foto Fest (AFF). Après avoir quitté l’Éthiopie, elle séjourne en Europe, au Yémen puis au Canada où elle se passionnera pour la photographie. Remarqué aux États-Unis, son travail est présenté au musée national d'art africain à Washington.
En 2007, l’année de son retour en Éthiopie, elle reçoit à Bamako au Mali le Prix de l'Union Européenne aux Rencontres Africaines de la Photographie.
Aida Muluneh (née en 1974, Ethiopie) The Outsider Inside (série The world is 9) , 2016
Estimation : 3500 / 5500 €











