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L'un reste, l'autre part : Sadek Rahim, Yancouba Badji

28 October 2019

Parmi les oeuvres présentées par PIASA le 7 novembre 2019 à la vente d'art contemporain africain, ce très beau tapis déconstruit réalisé par Sadek Rahim est une pièce remarquable.

Sadek Rahim est un des rares artistes menant une carrière internationale (londres, Dubaï, Buenos Aires, Saint-louis du Sénégal, New-York...) tout en vivant et travaillant à Oran, sa ville natale. Le Musée National d'Art Moderne et Contemporain d'Oran vient d'ailleurs de lui consacrer une grande exposition personnelle, « Gravity3 » – une première dans l'Histoire de l'Art en Algérie-, dont est issue l'oeuvre présentée. Depuis plusieurs années, l’immigration clandestine des jeunes algériens vers l’Europe, le déracinement, le désir d'exil, et l'illusion de l'Eldorado ont été au cœur du travail de Sadek Rahim, soutenu par une réflexion nourrie des textes de Sayad ou de Bourdieu. Elément domestique commun à tous les intérieurs algériens, le tapis cristallise et matérialise l'idée du départ au travers du mythe de la lévitation qui lui est attaché. Le tapis « volant » est l'objet qui permet, littéralement, de s'arracher à la pesanteur, de voler vers une destination meilleure. L'utilisation du tapis domestique, transfiguré en objet plastique, est un élément récurrent de l'esthétique et de la sémantique de Sadek Rahim. Jouant sur les plans de la pesanteur – ce qui retient au solet de l'envolée – le tapis « volant »-, il s'agit de mettre en échec ce mythe comme métaphore de l'échec du mythe de l' « Eldorado » (l'image erronnée d'une Europe utopique).

Sadek Rahim (né en 1971, Algérie)
Missing, 2019

Estimation : 7000 / 10000 €

D'oeuvre en œuvre le tapis est déconstruit, mis en pièces, disséminé en particules volatiles, réduit en cendres ou comme ici, privé de ses motifs floraux, formant un étrange paysage auquel il manque l'essentiel, un objet incomplet qui a perdu son sens....mais dans le même temps réhabilité en création plastique, comme un nouveau départ.

— Sadek Rahim, né à Oran en 1971. Vit et travaille à Oran (Algérie)

Les œuvres de l'artiste algérien Sadek Rahim, comme celles du peintre sénégalais Yancouba Badji, évoquent toutes deux, avec toute la force de leur regard concerné, les questions de la migration, du départ, de l'exil, de l'arrachement, de la vie et de la mort. Plus que des questions, ce sont pour chacun d'eux des réalités, souvent poignantes, parfois tragiques, de l'Afrique contemporaine, qu'ils abordent dans leur art et dont ils nous livrent le récit.

— Marie Deparis-Yafil, Commissaire d'exposition, critique d'art Paris, septembre 2019

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Paris Thursday 7 Nov 18:00 Show lots

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